Ben-Hur de Timur Bekmambetov
Faut-il toucher aux chefs d’œuvre ? En creux c’est le sens d’une multitude de critiques vous enjoignant sabre au clair de ne pas vous égarer dans cette nouvelle version de Ben-Hur signée du russe Timur Bekmambetov.
Et c’est presque à reculons que je suis allé à la projection de ce film. Mais voilà, l’édition de référence, celle tournée par William Wyler en 1959, pour l’avoir vue et revue un nombre déraisonnable de fois, hante depuis toujours mon imaginaire, au point de me donner envie de voir ce que le 21ème siècle pouvait avoir fait de cette histoire d’un prince devenu esclave sur fond de Passion du Christ. Bien m’en a pris ! Sans renier pour autant mon attachement au vénérable ancien, d’une durée de 3h32 (!), l’ultime version (projetée en IMAX 3D au Gaumont Labège), tout en reprenant l’essentiel du roman éponyme de Lew Wallace paru en 1880, se laisse largement regarder et porte de grands moments d’action et d’émotion. Moins « péplum » au sens hollywoodien du terme que son grand frère, le présent opus est clairement plus moderne et donc plus près de la Jérusalem des premières années de notre ère. Ici les problèmes inter-ethniques et religieux ainsi que ceux liés à la colonisation sont explicitement abordés. Ils font forcément écho à une actualité dévastatrice…
Tout le monde attend bien sûr la fameuse course de char. Celle que signe Wyler est assurément l’un des plus grands moments de l’Histoire du cinéma. Soyez certain que vous ne serez pas déçu par la nouvelle. Bien sûr, elle fait appel au numérique, en particulier pour le cirque et le public, mais aussi parfois pour les chevaux. De toute manière, la virtuosité des infographistes est aujourd’hui telle que l’on ne voit pas la différence et cela évite les dizaines d’animaux morts à la tâche il y a près de 60 ans ! Il en est bien sûr de même pour le combat naval, ce qui ne l’empêche pas d’être dantesque. Monté de manière plus dynamique, ce film, d’une durée quasiment de moitié par rapport à celle de l’Américain, a-t-il toute la nostalgique magie de l’ancien ? Clairement non. Le projet est ici tout autre. Plus qu’aux décors, il s’attache aux hommes, à leurs comportements. C’est fatalement plus violent… Succédant à Charlton Heston (Ben-Hur) et Stephen Boyd (Messala), voici Jack Huston (le petit-fils de) et Toby Kebell. Avec eux ces personnages se dessinent différemment, leur relation est clairement moins… ambigüe. Et puis il y a le vétéran Morgan Freeman. En vieux sage du désert (Ildarin) et malgré ses dreadlocks il est simplement formidable. En résumé, un film à voir. Certainement !
Robert Pénavayre
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Ben-Hur
Réalisateur : Timur Bekmambetov
Avec : Jack Huston, Morgan Freeman, Toby Kebell…
Morgan Freeman. Plus de 100 films au répertoire !
Celui qui fait ses débuts sur les planches new-yorkaises en 1967 (il a alors 30 ans) dans Hello Dolly, peut être fier de sa carrière. Mais ce n’est qu’en 1987 que le cinéma commence à s’intéresser à lui. Bonne pioche car depuis cette date, Morgan tourne plus d’une centaine de longs métrages, récoltant au passage nominations et récompenses prestigieuses. Sans abandonner pour autant son engagement politique en faveur de la lutte contre le racisme, le comédien varie cependant ses projets, alternant films militants, comédies et blockbusters. Il se construit aujourd’hui un personnage conjuguant sérénité et sagesse. Ses prochaines apparitions sur grand écran sont programmées jusqu’à fin 2018. Et ce n’est pas sûr que ce soit fini !