Et revoici le seigneur de la jungle, celui-là même qui est né il y a plus d’un siècle sous la plume d’ Edgar Rice Burroughs (1875-1950). Pour sa 46ème adaptation au cinéma, le héros le plus court vêtu des comic books tombe dans un piège. La première partie de ce film se passe à Londres, alors que Tarzan, revenu de sa jungle congolaise quasiment natale, se nomme aujourd’hui Lord Greystoke et vit avec Jane la vie plus qu’aisée de la noblesse britannique.
Le Gouvernement de Sa Très Gracieuse Majesté fait appel à lui et à sa connaissance du terrain pour aider la Blanche Albion à conclure un deal avec le Roi des Belges. Pour ce faire il doit se rendre au Congo. Ce qu’il ignore c’est qu’en fait le Royaume de Belgique est en faillite et veut l’échanger contre des montagnes de diamants que lui promet un roi nègre assoiffé de vengeance, Tarzan ayant tué son fils. Et nous voilà parti pour près de deux heures d’aventures africaines comme à la belle époque, avec animaux (tous numériques ici) et trapèze-partie dans les lianes (un chef d’œuvre d’infographie). Il y a bien sûr, car il est nécessaire, un méchant. Le capitaine Rom va se charger de cet office, d’autant mieux qu’il n’est rien de moins que ce pervers narcissique né de Christoph Waltz, toujours aussi à l’aise et convaincant dans ce genre de rôle. Coup de chance, Jane accompagne son bien-aimé. Coup de chance car il s’agit de Margot Robbie, jeune comédienne révélée, et de quelle manière, dans Le Loup de Wall Street. Elle est ici épatante d’engagement. Et puis, il y a Tarzan, l’homme-singe, paradigme de sensualité animale, de virilité primaire, de courage téméraire.
Cette fois le lointain successeur de Johnny Weissmuller (1932) est un suédois, héros depuis des années de la série True Blood : Alexander Skarsgard. Après des mois de musculation intensive, le voici, tous biscotos largement exposés mais, en pantalon ! Eh oui, Tarzan n’est plus, c’est Lord Greystoke qui fait câlin avec les lionnes (très belle scène au demeurant). Gueule d’ange et allure christique, ce Tarzan suédois, un rien aseptisé car trop moderne, peine à nous faire revivre ce personnage mythique. Mais, ne soyons pas nostalgique et surtout n’oublions pas un moment d’anthologie numérique, celui du troupeau de buffles dévastant le camp des négriers. N’oublions pas non plus de souligner qu’en creux, ce film est un pamphlet à l’acide de la politique colonialiste de la Belgique d’une certaine époque. En résumé, un bon divertissement, habilement réalisé par le cinéaste des quatre derniers Harry Potter, idéal pour se mettre au frais en plein Eté.
Robert Pénavayre
Tarzan
Réalisateur : David Yates
Avec : Alexander Skarsgard, Margot Robbie, Christoph Waltz…
Durée : 1h50
Genre : Aventure
Alexander Skarsgard – Bon sang ne saurait mentir !
C’est en donnant la réplique à son père, Stellan Skarsgard, que le jeune Alexander (8 ans alors !), débute devant une caméra. Ne sachant trop vers quel avenir se diriger, il abandonne momentanément les études et devient militaire. Finalement, il va poursuivre ses universités et se spécialiser dans le même temps en art dramatique aux Etats Unis. Retour en Suède où il se forge un véritable statut de star. Mais à présent c’est l’Amérique qui hante Alexander. Au pays de l’Oncle Sam, la télévision va lui mettre le pied à l’étrier en lui offrant des rôles dans deux séries aujourd’hui cultes : Generation Kill et surtout True Blood, véritable cheval de Troie pour ce jeune comédien. A l’âge de 39 ans et pour sa première participation à un blockbuster, Tarzan, Alexander ne peut ignorer qu’il est à un tournant crucial de sa carrière.