Diamant noir, un film d’Arthur Harari
Dans une scène liminaire à glacer le sang, un jeune tailleur de diamants, exténué, perd sa main sous les yeux absents de son frère. De longues années passent… Paris, aujourd’hui. Pier est un voyou qui cambriole pour le compte de Rachid, son père de substitution. Jusqu’au jour où la police vient lui demander de reconnaître un corps. C’est celui de son vrai père, qu’il n’a pas vu depuis très longtemps. Il le reconnaît d’autant plus facilement que ce cadavre n’a qu’une main. Cet homme-là, Pier le sait, appartenait à une famille de diamantaires d’Anvers, une famille qui l’a rejeté pour d’obscures raisons. C’est du moins la version que son enfance a retenue, une version qui lui explose dans la tête à la morgue et qui va être le déclencheur de la vengeance qui sommeillait dans son esprit. Aux obsèques, il reprend contact avec cette famille et décide de l’investir afin de la détruire. C’est le thème d’Hamlet. Il est d’autant mieux adopté qu’il se révèle un tailleur exceptionnel et un œil redoutable. Son cousin, qui doit normalement prendre la succession de cette entreprise, est sujet à des crises d’épilepsie… Pour son premier long, Arthur Harari, tout jeune réalisateur français de 35 ans, a pénétré lui-même le milieu très fermé des diamantaires juifs d’Anvers. C’est donc à un quasi documentaire qu’il nous invite, mais un documentaire dans lequel il instille un thriller de la meilleure eau, optant pour une esthétique sobre, dénuée de tout effet surajouté à l’image comme à la direction d’acteur. De cette sobriété naît une intensité qui fait toute la valeur de ce film dont l’interprétation est dominée par Niels Schneider (Pier).
Robert Pénavayre
Photo : Niels Schneider
Réalisateur : Arthur Sarahi
Avec : Niels Schneider, August Diehl, Hans Peter Cloos
Durée : 1h 55min
Genre : Drame