Le moscovite va mener les troupes du Chamber Orchestra of Europe dans un concert où l’on retrouvera au programme une symphonie pour orchestre à cordes, la n°10 de Weinberg, compositeur polonais du XXe trop peu connu, voir sa bio plus loin, suivie du Concerto pour violon n°2 de Prokofiev avec pour soliste la jeune violoniste Patricia Kopatchinskaja et pour plat de résistance, la Symphonie n°7 de Beethoven. C’est le Jeudi 12 Mai 2016 à la Halle aux Grains, à 20h dans le cadre du cycle Grands Interprètes.
Mieczyslaw Weinberg [1919-1996]
Symphonie n°10, en la mineur, “Transcendence”, opus 98
Serge Prokofiev [1891-1953]
Concerto pour violon n°2, en sol mineur, opus 63
1 – Allegro moderato 2 – Andante assai 3 – Allegro ben marcato
entracte ~ 20 mn
Ludwig van Beethoven [1770-1827]
Symphonie n°7, en la majeur, opus 92
1 – Poco sostenuto 2 – Allegretto 3 – Presto 4 – Allegro con brio
Hors de question d’oser vous présenter en quelques lignes la Septième de Beethoven et le compositeur lui-même, de même pour Serge Prokofiev et son Concerto pour violon n°2, mais par contre Weinberg, il serait bon de resituer ce musicien top peu présent encore dans les programmes de concert, qui a beaucoup composé et qui fut si proche d’un certain Chostakovitch, bien plus présent, lui, dans les salles de concert et d’opéra.
La Symphonie N° 10 Op. 98 fut écrite en 1968. Comme les Symphonies N° 2 Op. 30 (1946) et N° 7 Op. 81 (1964), elle est composée pour Orchestre de chambre, un genre où Weinberg excelle tout particulièrement. A la fin de sa vie, entre 1987 et 1992, il écrira quatre Symphonies de chambre, qui comptent parmi ses œuvres les plus remarquables. Le premier mouvement de ce Concerto grosso, est un Allegro très allant, dont les dissonances de l’accord final font l’effet d’un point d’interrogation. Les autres mouvements sont ensuite joués attacca, c’est à dire sans pause entre eux. Intitulé Pastorale le second mouvement, libre de tonalité, inclut un passage où l’on entend d’abord un solo extrêmement virtuose de violon, rempli de doubles cordes et d’écriture polyphonique, suivi par des imitations par les autres instruments soli, qui rappelle les formes d’improvisation du jazz. Le mouvement suivant, Canzone, présente une mélodie mélancolique, accompagnée pizzicato. La Burlesque, valse chancelante qui se termine dans une confusion voulue, précède le retour, dans le dernier mouvement appelé Inversion, du matériel thématique du début, dont les accords parallèles massifs mènent la symphonie à une fin impressionnante, malgré l’effectif orchestral réduit.
Mieczysław Weinberg (en russe : Моисей Самуилович Вайнберг, Moïsseï Samouïlovitch Weinberg), né le 8 décembre 1919 à Varsovie et mort le 26 février 1996 à Moscou des suites de la maladie de Crohn, est un compositeur russe de musique moderne dont l’ampleur de la production musicale le fait l’égal de Sergueï Prokofiev et de Dmitri Chostakovitch sans toutefois avoir recueilli comme eux la reconnaissance internationale
Né à Varsovie en 1919, il étudie le piano avec son père, musicien dans divers théâtres juifs de la ville. À l’âge de 10 ans, il est admis dans la classe de piano de Józef Turczynski au Conservatoire de Varsovie et obtient son diplôme en 1939.
L’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie en septembre 1939 fait basculer sa vie. Lui seul parvient à fuir les troupes allemandes pour gagner l’Union des républiques socialistes soviétiques, alors que toute sa famille est arrêtée et exterminée par les nazis. Weinberg s’installe à Minsk, capitale de la République de Biélorussie, où il commence des études de composition au conservatoire de la ville avec Vassili Zolotarev. Après deux ans d’études, il passe son diplôme en juin 1941 avec l’exécution en public de son Poème symphonique pour grand orchestre en juin 1941.
L’invasion de l’Union Soviétique le 22 juin 1941 le force de nouveau à s’enfuir. Il s’installe à Tachkent, capitale de la République d’Ouzbékistan, où il trouve un soutien parmi des réfugiés juifs comme Israël Finkelstein, qui fait découvrir ses premières partitions à Chostakovitch en 1943.
Chostakovitch apprécie l’œuvre de son jeune collègue et favorise l’installation de Weinberg et de sa femme Nathalie (fille du fameux acteur juif Solomon Mikhoels), à Moscou. C’est le début d’une longue amitié entre les deux compositeurs qui dure jusqu’à la mort de Chostakovitch en 1975.
En 1953, Chostakovitch fait signer une pétition qu’il adresse à Beria, le chef du NKVD, pour venir en aide à Weinberg, incarcéré pour « activités sionistes ». La mort de Staline, le 5 mars 1953, marque une profonde rupture politique, et Weinberg retrouve la liberté.
Les années 60 voient la consécration de sa musique. Ses œuvres sont créées par les grands interprètes russes comme les musiciens David Oistrakh, Mstislav Rostropovitch, Leonid Kogan, Emil Gilels, les chefs d’orchestre Vladimir Fedosseïev, Kirill Kondrachine, Roudolf Barchaï et le Quatuor Borodine.
Weinberg va achever une œuvre immense avec plus de cinq cents compositions dont 154 reçoivent un numéro d’opus. Sept opéras (Le Portrait), un Requiem, 22 symphonies, 4 symphonies de chambre, 2 sinfoniettas, plusieurs concertos (violon, violoncelle, flûte, trompette, clarinette), 17 quatuors à cordes, 5 sonates pour violon et piano, 2 sonates pour violoncelle et piano, etc.
Parmi les nombreuses musiques de film, celle de « Letyat zhuravli » (Quand passent les cigognes, réalisateur : Mikhaïl Kalatozov) reçoit une reconnaissance internationale après que ce film eut gagné la Palme d’or à Cannes en 1958.
Très bon pianiste, il crée en novembre 1967, dans la petite salle du conservatoire de Moscou, les Sept Romances sur des poèmes de Blok de Chostakovitch avec Galina Vichnevskaïa soprano, David Oïstrakh au violon, Mstislav Rostropovitch au violoncelle. Les dernières années de Weinberg sont assombries par maladies et dépression. Il meurt en 1996 à Moscou, dans la plus grande précarité.
Vladimir Jurowski
Chef incontournable et reconnu dans le monde entier pour sa musicalité et ses engagements artistiques audacieux, Vladimir Jurowski, né à Moscou, a étudié aux Académies allemandes de Musique de Dresde et de Berlin. En 1995, il fait ses débuts internationaux au Festival de Wexford dans May Night de Rimsky-Korsakov, ainsi qu’au Royal Opera House à Covent Garden, dans Nabucco.
Après des postes à Berlin, Bologne, Moscou, Glyndebourne, Vladimir Jurowski a été nommé principal Chef Invité du London Philharmonic Orchestra en 2003 et Chef principal dès 2007. Il est également, Artiste Principal de l’Orchestra of the Age of Enlightenment et Directeur Artistique du Russian State Academic Symphony Orchestra.
Vladimir Jurowski est régulièrement invité par de nombreux grands orchestres en Europe et en Amérique du Nord. Il a déjà dirigé de nombreux opéras comme au Metropolitan, au Bolchoï, à Glyndebourne, à Paris, de Rigoletto à Moïse et Aaron.
Durant la saison 2015/16, Vladimir Jurowski dirige à nouveau de grands orchestres américains, il fait ses débuts au Salzburg Easter Festival à la tête de la Staatskapelle Dresden, et dirige le London Philharmonic Orchestra et le State Academic Symphony of Russia dans Gurreliede de Schoenberg au Moscow Rostropovich Festival.
Patricia Kopatchinskaja
Le répertoire de la violoniste Patricia Kopatchinskaja s’étend des œuvres baroques et classiques, souvent interprétées sur des cordes en boyaux, à des créations contemporaines et arrangements de chefs-d’œuvre modernes.
Pendant la saison 2015/16, la musicienne est en résidence à la Laeiszhalle de Hambourg, se produit avec les Symphoniques de Houston et de Seattle et travaille en collaboration avec Teodor Currentzis, Musica Aeterna – avec qui elle a participé au Festival de Brême et effectué une tournée en Europe – et avec le Symphonique de la SWR de Fribourg et de Baden-Baden. L’artiste tourne avec la Camerata Salzburg sous la direction de Louis Langrée, avec le Chamber Orchestra of Europe et collabore avec Vladimir Jurowski et le State Academic Symphony Orchestra de Moscou.
A Londres, elle se produit à nouveau avec le London Philharmonic Orchestra et Jurowski et est la figure de proue du week-end ‘Marin, Madness and Music’ au Southbank Centre – où elle donne le Concerto pour Violon de Schumann avec The Orchestra of the Age of Enlightment sous la direction de Marin Alsop, Kafka’s Fragments de György Kurtag avec Anu Komsi et des œuvres de musique de chambre de Galina Ustvolskaja.
Patricia Kopatchinskaja crée plusieurs nouvelles compositions cette saison, notamment Le Dialogue pour violon et violoncelle de Mark Anthony Turnage avec Sol Gabetta ; Red Inner Light Sculpture de Mauricio Sotelo pour orchestre de cordes, danseur de flamenco et percussion avec The Saint Paul Chamber Orchestra ; et un nouveau concerto de Michael Hersch.
Parmi les temps forts de la saison précédente, la violoniste fait ses débuts avec le Berliner Philharmoniker dans DoReMi de Peter Eötvös sous la direction du compositeur lui-même. Elle a également participé au concert de clôture du Mostly Mozart Festival au Lincoln Center de New York, se produit avec le London Philharmonic Orchestra aux festivals d’Edimbourg et de Santander et entreprend une tournée en Suisse avec le Royal Stockholm Philharmonic Orchestra et Sakari Oramo.
La musique de chambre compte énormément pour Patricia Kopatchinskaja qui est également Partenaire Artistique du Saint Paul Chamber Orchestra et, ensemble, ils donnent fréquemment des concerts à Saint-Paul, entreprenant régulièrement des tournées internationales.
La violoniste a effectué de nombreux enregistrements et 2015/16 voit la sortie de plusieurs disques.
Chamber Orchestra of Europe Acclamé comme “le meilleur orchestre de chambre du monde” (BBC Two Television, 2011), le Chamber Orchestra of Europe a été créé en 1981 par un groupe de musiciens issus de l’Orchestre des Jeunes de l’Union Européenne. Ses membres fondateurs avaient pour ambition de continuer à travailler ensemble au plus haut niveau et aujourd’hui treize d’entre eux font toujours partie de cet orchestre d’environ 60 membres. Tous poursuivent parallèlement leur propre carrière musicale, qu’ils soient solistes internationaux, chefs de pupitre au sein de divers orchestres nationaux, membres d’éminents groupes de musique de chambre ou professeurs dans les écoles de musique les plus réputées. La richesse culturelle et l’amour partagé de la musique sont au cœur de chacun des concerts du COE.
Le COE se produit dans les plus grandes salles d’Europe, comme la Philharmonie de Paris, le Concertgebouw à Amsterdam, la Festspielhaus de Baden-Baden, la Philharmonie de Cologne et le Vieil Opéra de Francfort. Le COE est un invité régulier du Festival de Lucerne et du Styriarte de Graz ainsi que des événements musicaux les plus prestigieux comme les BBC Proms de Londres, le Festival d’Edimbourg et le Mostly Mozart Festival à New York.
Au fil des années, le Chamber Orchestra of Europe a tissé des liens solides avec les plus grands chefs. L’Orchestre se produit également avec les plus grands solistes.
En seulement trente-cinq ans, le Chamber Orchestra of Europe a enregistré plus de 250 œuvres avec la plupart des grandes maisons de disque actuelles. L’Orchestre a remporté de nombreux pris internationaux, notamment trois “Disques de l’Année” (Magazine Gramophone. Le COE compte à son actif de nombreux DVD. L’Orchestre a développé des relations solides avec la société de production Idéale Audience et le Festival Styriarte dans le cadre de DVD de concert : Les Métamorphoses et Le Bourgeois Gentilhomme (Suite) de Richard Strauss ainsi que le Concerto pour piano en sol de Ravel avec Hélène Grimaud sous la direction de Vladimir Jurowski.
Le COE a développé un programme éducatif destiné aux écoles, conservatoires et salles de concert permettant aux jeunes et aux nouveaux publics de faire l’expérience directe de la musique de chambre et d’orchestre à haut niveau. Le COE a créé sa propre Académie en 2009 et, chaque année, accorde une bourse à des étudiants particulièrement doués et à de jeunes professionnels, leur offrant l’opportunité de se perfectionner avec les chefs de pupitre de l’Orchestre en tournée.
Michel Grialou
Les Grands Interprètes
Chamber Orchestra of Europe
Vladimir Jurowski (direction)
Patricia Kopatchinskaja (violon)
jeudi 12 mai 2016 à 20h00
Halle aux Grains
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Mécénat / Partenariats
Nathalie Coffignal
mail : ncoffignal@grandsinterpretes.com
Tel : 05 61 21 09 61
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