« Le Grand Jeu », un film de Nicolas Paliser
Combien il est agréable de soutenir un premier long, tellement de jeunes réalisateurs s’y livrent corps et âmes. Combien il est alors douloureux de constater l’échec sans appel d’un opus liminaire. C’est le cas ici. Le scénario, dû également au réalisateur, sans être original, nous met sur les traces d’un de ces hommes de l’ombre qui activent sur commande leur carnet d’adresse au profit d’un tel ou d’eux-mêmes. Pour faire court, Joseph (André Dussolier que l’on a connu bien meilleur) est un de ces personnages qui s’agitent dans les coulisses du pouvoir. Il a besoin d’un homme de lettres pas très regardant pour lui faire écrire un essai sur le terrorisme d’extrême gauche. Joseph contacte directement Pierre (Melvil Poupaud, lui aussi un peu égaré), un écrivain à court d’argent et d’inspiration. Joseph lui propose un marché dans lequel Pierre ne voit que le chèque allant de concert. La manipulation se met en route et nous amène aux frontières de l’affaire Tarnac (2008) et semble flirter in fine avec l’affaire Boulin (1979). Sans pour autant nous convaincre. Pierre ne comprendra que trop tard que le grand jeu en question est mortel. Lambris discrets et vénéneux de l’Etat se succèdent suivis de repères alter mondialistes improbables. Tout comme les personnages caricaturaux qui les peuplent, ils sont le théâtre de rencontres trop écrites pour susciter la moindre empathie et le moindre intérêt. Dommage.
Robert Pénavayre