« Macbeth », un film de Justin Kurzel
Affronter un géant tel que Shakespeare est toujours un challenge audacieux, voire téméraire. Pour son deuxième long, le réalisateur australien Justin Kurzel relève le gant. Et de quelle manière !
Suivant quasiment à la lettre l’œuvre du célèbre dramaturge anglais, Justin Kurzel nous fait revivre cette sombre histoire dont Giuseppe Verdi a tiré l’un de ses plus grands chefs d’œuvre. Macbeth vient de remporter une victoire majeure au profit du Roi Duncan, souverain d’Ecosse. Sur le chemin du retour, il apprend, par les voix de trois sorcières, que son avenir est…royal. La suite, nous la connaissons ; sous la pression de sa Lady, Macbeth va assassiner Duncan, puis tous ceux qui doivent constituer un barrage à son futur. C’est dans une véritable course à l’abîme que Macbeth se précipite. Pour ce couple aussi infernal que sanguinaire, l’issue ne peut être que fatale. Chef de guerre incontestable, héros tragique et pitoyable, cruel et candide à la fois, Macbeth est une figure majeure du théâtre élisabéthain. Et Michael Fassbender (voir photo) en est un interprète fascinant. A vrai dire, et c’est un peu normal, il porte le film sur ses larges épaules, incarnant avec une intensité exemplaire ce personnage complexe. On eût aimé une Lady plus convaincante. Las, notre Marion Cotillard nationale ne peut pas grand-chose devant un tel déferlement de talent. Dommage car le véritable affrontement entre ces deux êtres aurait été passionnant. Ce rôle était prévu pour Natalie Portman…
Côtoyant au plus près la musique du langage shakespearien, ce film, en VO bien sûr, d’une beauté visuelle souveraine, est le monument grandiose d’un théâtre qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. Les paysages les plus arides d’Angleterre et d’Ecosse servent de décors écrasants et somptueux à ce drame de l’ambition. Parachevant l’image, Jed Kurzel (le jeune frère de) a composé une BO d’une formidable puissance évocatrice. Certainement pas grand public car un rien exigeant, ce Macbeth est à voir impérativement par tous les amateurs de beaux dialogues, d’images ultra sophistiquées, de mise en scène au cordeau. Et puis, revenons à lui, il y a Michael Fassbender, l’un des meilleurs comédiens de sa génération.
Robert Pénavayre