Oliver Brousse, Musicien intermittent (1958-2015)
Olivier Brousse était un musicien/ingénieur du son/arrangeur-compositeur depuis de nombreuses années. Avec son complice Serge Faubert, on le retrouvait en studio et sur scène auprès d’artistes de grande renommée aussi bien qu’aux côtés d’élèves de MUSIC’HALLE*. Son éclectisme restera aussi proverbial que sa gentillesse et son humanité souriante.
Bassiste, contrebassiste, né à Toulouse en 1958, Olivier a démarré son parcours musical dans l’effervescence rock des années 70 pour aborder au cours du temps tous styles de musique, de la chanson française au jazz (stage ONJ –1997- avec Denis Badaut et Laurent Cugny) en passant par les musiques improvisées.
Il a joué avec des artistes phares de la scène Toulousaine, Etienne Zenone, la Compagnie MESSIEURS MESDAMES et Didier Labbé (création avec Hermeto Pascoal en 1995), Philippe Gelda, Jean Paul Raffit, Bernardo Sandoval, Eric Lareine, Abdu Salim, Ton Ton Salut… et développé parallèlement à la musique de scène la création de musiques de spectacles et bandes son pour le théâtre de marionnettes, la danse et la vidéo. Ainsi que les séances de studio (Axelle Red, Art Mengo…).
Il a participé aux « Chantiers Publics » du poète Bruno Ruiz.
Il a souvent collaboré avec la chorégraphe / danseuse Brigitte Fischer pour les créations chorégraphiques de celle-ci et de sa compagnie LES FURIEUSES
Dans le domaine du Théâtre musical, avec La Compagnie FOLAVRIL, il a créé un spectacle-hommage au Velvet Underground « ADDICT », ou avec le metteur en scène Patrick Séraudie, « KONG MELANCHOLIA « de Rémi Checchetto, ou encore avec Isabelle Cirla, Didier Labbé et Jean Denis Rivaleau, pour « NUIT BLANCHE », un spectacle jeune public autour du cinéma.
Dans LILLIPUT ORKESTRA, avec Piero Pepin (trompette, bugle, baryton, sampler, tourne disque), Laurent Rochelle (sax soprano, clarinette basse), et Pascal Portejoie (percussions), il a exploré une musique nouvelle aux confins du Jazz, un Jazz libertaire sans frontières.
Sans oublier, l’éphémère mais flamboyant groupe EXPERIENCE : avec Serge Faubert, à la guitare électrique et au chant, Laurent Marc, au vibraphone électronique et claviers (dont le fameux mellotron, ancêtre des synthétiseurs), et Sylvain Jazédé, batteur, ils ont revisité le rock progressif des seventies (King Crimson, Gong, Frank Zappa, Mahavishnu Orchestra de John Mc Laughlin, Mallard-Cap’tain BeefHeart’s Band-, Can, Larry Coryell).
Il était de toutes les luttes des Intermittents**, tant il savait que les musiciens, les comédiens, les artistes du spectacle vivant, ne peuvent pas être relégués au rôle de saltimbanques, comme au Moyen-Âge et précarisés dans une société marchande. Contrairement à ce que veulent nous faire croire certains medias, le MEDEF et la Cour des Comptes, ce régime spécial n’est pas un privilège ! C’est une nécessité liée à la spécificité de l’emploi dans le milieu du spectacle. C’est un régime qui permet aux artistes et techniciens du spectacle de sortir de la précarité et de vivre de leur métier. Il est donc porteur de richesses, tant au niveau artistique, qu’au niveau de l’emploi ou des retombées économiques qu’il génère. Et même s’il y a des abus, comme dans toute avancée sociale, il doit être défendu bec et ongle: leur lutte est d’intérêt général, comme celle de tous les précaires.
Il a enseigné enfin les techniques de prise de son et de mixage à l’école des musiques vivantes et vivaces, MUSIC’HALLE (Toulouse). Il est le fondateur, avec Serge Faubert, du studio d’enregistrement de l’Imprimerie***, indissociable de cette Ecole, où leur oreille et leur grand savoir faire technique ont fait merveille depuis des années; et qui lui survivra grâce à Serge Faubert.
Voici mon Elégie pour lui :
Cher Olivier,
tu as cessé de te battre et le Grand Esprit sait que tu t’es battu comme un lion !
Je n’oublierai jamais notre première rencontre quand je rêvais du concert poétique « Hommes rouges, Fils de la Terre », et c’est vrai que tu avais un peu l’allure d’un amérindien, avec ta silhouette longiligne de coureur de grandes plaines et tes anneaux aux oreilles.
Grâce à toi, et à tout le groupe, mon rêve est devenu réalité, et j’ai tout de suite pensé à toi pour Le grand vent serpent aux cent mille pieds où tu faisais un solo de basse magnifique; tu nous donnais:
un grand cœur d’ours !
Un grand cœur d’aigle !
Un grand cœur de cheval !
Un grand cœur de bison !
Tu as rompu tes amarres, comme le grand vent serpent.
Tu as été emporté comme la plume dans la rivière, jusqu’à la grande Mer.
Tu étais une belle personne, καλὸς καὶ ἀγαθός, beau et bon, comme disaient les Grecs anciens.
Tu vas nous manquer beaucoup quand nous irons au studio de l’imprimerie (heureusement Serge est toujours là) ou quand nous partagerons une bonne bouteille avec les vieux copains.
Tu nous a laissé ton sourire rayonnant, ta convivialité si chaleureuse et ta grande âme musicale.
Embrasse pour moi l’ami Dédé Tailhades qui nous a précédé au Paradis des Artistes,
Au revoir et merci, Compañero de Música.
Elrik Fabre-Maigné
20-XI-2015
Pour en savoir plus :
* Music Halle Espace JOB – 105, Route de Blagnac, 31200 Toulouse 05 61 21 12 25
** www.cip-idf.org/ Coordination nationale
*** Ce studio accueille des musiciens de tout horizon et de tout style,
ainsi que les musiciens issus des cycles de formation et les professeurs de l’école.
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