Casse-Noisette, c’est une merveilleuse histoire de Noël où des jouets prennent vie pour emporter un enfant dans des pays enchantés. Ballet en deux actes, c’est aussi le formidable – et dernier – chant de vie, de joie, et d’émerveillement d’un homme, Piotr Ilyitch Tchaïkovski, angoissé, tourmenté, accablé de problèmes et que la mort va emporter l’année suivante.
«Il n’y a rien de plus vrai au monde que cette folle et poétique histoire d’Hoffmann intitulée Casse-Noisette. C’est la vie intellectuelle de l’enfant prise sur le fait. J’en aime même cette fin embrouillée qui se perd dans le monde des chimères.» George Sand, Histoires de ma vie, 1847-1855.
Le 6 décembre 1892, il gèle sûrement à pierre fendre à Saint-Pétersbourg. Cela n’empêchera, ni le tsar et toute la famille impériale, ni le public d’assister à la “première“ du nouveau ballet du compositeur. Surtout que, trois ans auparavant, son dernier La Belle au bois dormant a rencontré un immense succès. C’est ce triomphe qui amène son auteur et le chorégraphe Marius Petipa à se lancer dans un nouveau projet. Ce dernier ne rencontrera pas, dans un premier temps, un succès aussi retentissant que la beauté de la musique pourrait le laisser croire. Il faudra attendre quelques décennies pour qu’il obtienne enfin l’admiration qu’il mérite. Il est aujourd’hui un des ballets les plus joués et certainement un des plus appréciés du public, petits et grands.
La trame s’appuie sur la version initiale d’un thème tiré d’une féerie de E.T.A. Hoffmann, le Casse-Noisette et le Roi des Souris (ou rats !), (1816) et sur la version française d’Alexandre Dumas (1845). La première, plutôt inquiétante, la deuxième, un peu trop édulcorée, il n’empêche que, note après note, le chef-d’œuvre du genre va prendre corps. Etonnant paradoxe alors que cette musique pétrie de fantaisie et de vie, de légèreté, de féerie, ait pu jaillir d’un esprit alors si torturé.
Elément incontournable de la postérité de l’œuvre, la partition sera servie par tous les pupitres talentueux de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse placé sous la direction de Dieter Rossberg, chef allemand, invité des plus grandes maisons pour diriger opéras, ballets et concerts. Frénétiques danses russes, rafraîchissantes danses arabes et piquantes danses chinoises, précédées de la plus irréelle des créations de Tchaïkovski, la “danse de la fée Dragée“, où le célesta nouvellement inventé fait l’une de ses premières apparitions au sein de l’orchestre, tel est l’essentiel de ce qui constitue la fameuse suite donnée en concert avant la création du ballet lui-même.
De Michel Rahn, chorégraphe : « Je n’ai pas voulu faire de Casse-Noisette une histoire psychologique et torturée ; je l’ai conçue comme le rêve d’une enfant s’approchant de l’adolescence et qui, de nombreuses années plus tard, ne peut toujours pas démêler le rêve de la réalité. » Clara, Casse-Noisette, La Fée Dragée, Le Prince Bienfaisant seront interprétés par Premiers Solistes et Solistes parmi les meilleurs du corps de Ballet du Capitole dont on loue le niveau de qualité atteint ces dernières années. Les décors et costumes somptueux sont de Charles Cusick-Smith. Le Monsieur Drosselmeier serait-il le danseur-étoile Michaël Denard d’il y a … quelques années ?!
Michel Grialou
Sept représentations du 23 au 31 décembre.
photos : David Herrero