Lorsque débute le long – métrage, William Turner est loin d’être un perdreau de l’année. Reconnu comme le peintre de la lumière, bénéficiant d’un aura conséquent auprès de ses confrères, l’homme n’a jamais cédé à la facilité, cultivant une bougonnerie qui en décourage plus d’un.
Vivant auprès d’une vague cousine (employée plus que dévouée) et de son père qui lui tient lieu d’assistant, Turner ne vit que pour sa peinture et la mer. À la mort de ce dernier, il vit encore plus reclus, ses visites à la pension de Mme Booth lui procurant son seul plaisir.
Avec Mr Turner, Mike Leigh réalise son premier biopic. Choisir d’évoquer la vie d’un des peintres britanniques les plus reconnus pourrait passer pour une prise de risque minime.
Pourtant, le choix aurait pu s’avérer fatal, tant il est aisé de verser dans le film académique ronronnant se contentant d’égrener un chapelet de dates.
Ce serait toutefois bien mal connaître Mike Leigh qui s’est fait une spécialité du décorticage des relations humaines et qui a su insuffler à cette fresque, une énergie et une pointe de modernité bienvenues.
Il fait de son Mr Turner un personnage singulier, rendu hors normes par l’interprétation de Timothy Spall. Tour à tour éructant, maugréant, rageant, ne s’exprimant que par vagues borborygmes, crachant sur ses œuvres et ses contemporains, le comédien anglais peut se targuer de ne pas avoir volé son prix d’interprétation au dernier festival de Cannes.
En vous remerciant.
Pierrette Tchernio