Création à Toulouse de « BiT », nouvelle pièce de la chorégraphe Maguy Marin, artiste associée au Théâtre Garonne.
La compagnie de Maguy Marin est associée au Théâtre Garonne où elle créera « BiT », nouvelle pièce visible en ouverture de saison. La chorégraphe envisage à chaque fois le plateau comme une terre vierge, un voyage vers l’inconnu, une quête du mouvement comme signe du vivant. Nouvelle création travaillée tout l’été à Toulouse, « BiT » est placée sous le signe d’une phrase de Paul Klee : «Qu’est-ce qu’une vie humaine ? Un chemin qui marche». En guise de promesse, Maguy Marin annonce dans sa note d’intention: «Petit à petit, ce que nous vivons s’agrège progressivement à ce que nous avons vécu, et résonne déjà, entre mémoire et attente, de ce que nous vivrons. Les possibles devenirs, multiples à notre naissance, se réduisent progressivement jusqu’à définir l’existence unique d’un être particulier, un rythme qui signe une manière de vivre le temps.»
Montrés au Théâtre Garonne, les derniers travaux de Maguy Marin (« Salves », « Nocturnes ») creusaient le sillon d’un minimalisme radical. Les scènes de la vie quotidienne s’y succédaient au rythme de fondus enchaînés sans cesse répétés. «On est dans un mouvement fort mais minimaliste, comme une respiration. C’est un certain état du corps, un certain rythme. Il y a là, sur le plateau, une humanité qui se laisse regarder sans se montrer. Une façon par exemple d’être assis. C’est une certaine qualité de corps, de présence, de regard, de détente ou de tension», assurait alors la chorégraphe. «Je travaille sur la capacité de chacun à dire « non » et à se défendre car, de plus en plus, on n’ose plus s’insurger et agir. Mes spectacles sont de petites armes. Je ne peux pas juste balancer des choses sur scène pour le plaisir. Si c’est plaisant, c’est parce que ça ouvre sur de l’ironique, sur de l’humour, sur de la résistance face à la morosité et à l’assujettissement.»(1)
«La grande différence avec « Salves » et les dernières pièces, c’est que dans « BiT » il y a une continuité. « Salves » est morcelé par des noirs, ce sont des moments pris sur le vif. Ici, c’est comme une seule chose, qui se tord mais ne s’interrompt jamais. C’est Charlie Aubry (musicien et sound designer) qui a composé la musique pour le spectacle, elle a des éclats incroyables, avec des matières sonores qui combinent nappes et rythmes. L’écriture de la musique se fait pendant le spectacle, mais je travaille sans musique préexistante, je travaille uniquement au métronome. Parfois pendant les répétitions je demande à Charlie d’envoyer de la musique qui n’a pas de rapport avec ce qui se passe au plateau, ou parfois oui. La musique et le plateau sont comme des choses qui s’ignorent et se rejoignent à certains moments», raconte la chorégraphe.
Jérôme Gac
« BiT », du 17 au 20 septembre, au Théâtre Garonne, 1, avenue du Château d’Eau, Toulouse.
Tél. 05 62 48 54 77.
(1) L’Humanité, 07/12/2012
photo: M. Marin © Michel Cavalca