« Coldwater », un film de Vincent Grashaw
L’univers carcéral pour mineur est un pitch surexploité au cinéma, particulièrement américain. Pour autant, il est des films qui interpellent plus que les autres. Le premier long de Vincent Grashaw appartient à ceux-là. C’est une fiction qui repose sur une étude très avancée sur ces établissements censés remettre sur le droit chemin des mineurs. Ces centres font florès aux Etats Unis. L’actualité quasi journalière en provenance d’Outre Atlantique nous donne les raisons de cela. Pour autant, ces « pénitenciers » ne sont régis par aucune loi et chaque année des dizaines d’adolescents n’en reviennent pas. L’enquête menée par le réalisateur le conduit vers un film qui, d’écritures en financements, aura occupé dix ans de sa vie. Mais il tenait à tout prix, dans un acte quasi militant, à réaliser cette fiction. Enfin, fiction si l’on veut, car il avoue lui-même qu’il a été obligé d’élaguer dans sa documentation tellement le sort réservé à tous ces jeunes était du domaine de l’insoutenable. Brad, que l’on devine à peine sorti de la prime adolescence, est envoyé par ses parents dans un camp de redressement. Il va vite comprendre comment y survivre. Après avoir tenté de s’en évader, il va tout faire pour communiquer avec l’extérieur et apporter des preuves de la maltraitance subie. Cela finira dans un bain de sang. La violence hyper réaliste de certaines scènes fait froid dans le dos (le film est déconseillé aux moins de 12 ans). Demeure assurément un film témoignage sur un pan de la civilisation américaine qui questionne. Pour le moins. Demeure aussi la découverte d’un jeune acteur, P.J. Boudousqué (Brad) qui, pour sa première expérience cinématographique s’impose, et de quelle manière, non seulement comme un clone vertigineux d’un jeune Ryan Gosling, mais aussi comme un acteur étonnant de profondeur et d’engagement. A suivre, certainement ! Tout comme le réalisateur.
Robert Pénavayre