« Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? » un film de Philippe de Chauveron
Le dernier opus de ce réalisateur pourrait aussi s’intituler : « Où comment sortir mal à l’aise d’une salle de cinéma ». Ce qui a été mon cas. Mal à l’aise pour beaucoup de raisons. Tout d’abord face à un film quasi amateur, avec un montage d’une fainéantise crasse, un dialogue à deux balles, un scénario qui sent bon le trottoir, des comédiens qui surjouent ou, pire, ont l’air de filer leur scène sur l’air des lampions, sans parler de la direction d’acteur, tout est consternant. On savait Philippe de Chauveron capable de la saga de l’illustre Ducobu, certes, mais tout de même ! Mal à l’aise aussi parce que, vraisemblablement, le CNC (notre argent) a financé une partie de ce film, et avec Christian Clavier à l’affiche… Mal à l’aise encore d’entendre ces rires gras qui fusent lors des scènes les plus « dangereuses ». Malin finalement ce film car il touche pile là où ça devrait faire mal. Alors, bien sûr, cet enfilage de lieux communs est vendu dans l’emballage d’une comédie sociale. Jugez plutôt. La famille Verneuil, appartient à ce que l’on appelle la riche bourgeoisie catholique provinciale. Déjà tout un programme. Elle est affublée de quatre filles. Les trois premières mariées ont fait entrer au forceps dans la famille un chinois, un musulman et un juif. Reste pour les Verneuil une chance avec la quatrième d’avoir enfin un gendre blanc et catho. Bingo pour le catho, raté pour le blanc. C’est un magnifique noir qui débarque. Crise chez les Verneuil et comme bon sang ne saurait mentir, les trois frangines vont tout mettre en œuvre pour faire casser la liaison de leur petite sœur. Belle mentalité, non ? En rhétorique, on appelle ce type de démarche une prétérition. C’est une figure de style qui consiste à parler d’une chose après avoir annoncé que l’on ne va pas en parler, ce qui permet de ne pas prendre l’entière responsabilité de ses propos. Et ce n’est pas le happy end final qui sonne aussi faux qu’une cloche fêlée qui dédouane le réalisateur d’une démarche, volontaire ou pas, des plus pernicieuses. Un dernier point, juste pour la route. Ce réalisateur, scénariste également de son film, a oublié au passage d’inclure dans la famille un fils gay. Dommage, on aurait eu la totale ! La comédie est un genre cinématographique des plus subtils, à tous les sens du terme. Elle consiste à jongler avec une grenade dégoupillée. Sauf que parfois, elle explose ! Et pas forcément de rire…
Robert Pénavayre