Un mois après « The Insider », film d’espionnage esthète et cérébral, voici « The amateur », variation sur le genre plus dynamique, avec Rami Malek dans un rôle de vengeur globe-trotter.
On avait aimé « The Insider » pour son côté très chic, ses excellents comédiens et ses dialogues subtils, pas vraiment pour ses rebondissements. Prenant le contrepied du film de Steven Soderbergh, James Hawes signe avec « The amateur », adaptation modernisée d’un roman de Robert Littell, un bon thriller, bourré d’action et d’un peu d’humour, nous faisant voyager des Etats-Unis à Londres, puis à Paris, Marseille, Istanbul et Madrid avant de mettre le cap sur la Roumanie et la Russie (enfin, ce qui est reconstitué comme étant la Russie). Avec autant de cadavres à la clé.

On l’a vu à Paris et à Istanbul: mais où est passé Charlie? (Rami Malek ). Photo 20th Century Fox/Disney
C’est un très discret informaticien de la CIA, Charlie Heller, qui les sème sur son passage. L’homme, incarné par Rami Malek, s’est donné pour mission de se débarrasser de la bande d’affreux trafiquants d’armes qui ont pris sa femme en otage, à Londres, et l’ont exécutée sous le regard des caméras de surveillance, omniprésentes dans la capitale anglaise. Notre petit génie du décryptage a découvert qu’un de ses chefs a trempé dans de sombres histoires, sans en référer à la direction de la CIA. Il met ses découvertes dans la balance pour exiger une formation expresse afin de s’améliorer dans le maniement des armes (il est nul) et dans la confection d’explosifs (où il excelle). Et c’est ainsi qu’un gringalet anonyme devient une redoutable machine à tuer, mais jamais directement, plutôt en faisant appel à son brillant cerveau…
Enfin libéré du poids du rôle oscarisé qui l’avait révélé (Freddie Mercury dans « Bohemian Rhapsody »), Rami Malek trimbale son curieux visage triste de ville en ville, la tendresse de son regard cachant une détermination de fer. A ses côtés, Laurence Fishburne assure en vieux militaire d’abord implacable puis plus humain, impressionné qu’il est par la créature qu’il a aidé à révéler. Et les deux heures de filer allègrement, dans un registre certes archi balisé, mais solidement remis au goût du jour.
« The Amateur », de James Hawes, actuellement au cinéma.