C’est à la Halle, le mercredi 20 décembre, grâce, une fois de plus, au Cycle Grands Interprètes. L’apparition aura bien lieu à 20h. Les opérations sont menées par le chef des troupes, j’ai nommé Laurence Equilbey, entraînant dans son sillage, son bataillon habituel, le Chœur accentus et l’Insula Orchestra jouant sur instruments d’époque. Son quarteron de solistes se signale par la présence de la soprano Sandrine Piau entourée par la relève du chant baroque, le ténor sur les cimes Stuart Jackson, l’altiste Paul-Antoine Bénos-Djan et la basse Alex Rosen.
Messiah, a sacred oratorio
Le Messie compte bien, à côté des deux Passions de Jean-Sébastien Bach, parmi les illustrations musicales les plus parfaites de l’écriture sainte. Son titre Messie, est un nom hébreu qui signifie « l’oint du seigneur », celui qui conduit au royaume de Dieu. Haendel va réussir dans cette œuvre la synthèse entre le bel canto de l’opéra italien et l’oratorio avec des éléments de la musique d’église de l’Allemagne moyenne et du Nord, ainsi qu’avec l’anthem anglais.
A l’encontre des grandes œuvres de Bach, qui donnent à l’auditeur plutôt l’impression d’être des grandes cantates surdimensionnées ainsi que des méditations évangéliques empreintes d’un très fort sentiment de repentir et d’humilité, ce Messie ressemble plutôt à un oratorio sans lien liturgique qui fait se dérouler la vie et le calvaire. Le Christ nous y est présenté dans une sorte de continuum temporel fait du passé, du présent et du futur.
Si ce Messie est l’oratorio parmi les plus connus et interprétés dans le monde, c’est bien que le public lui reconnaît une beauté exemplaire, un élan majestueux, un achèvement parfait, et lui inspire une émotion vivante, soutenue et renouvelée à chaque audition. Sûrement parce que chaque instant a du être vécu, ressenti par le compositeur lui-même dans un frémissement de tout son être, celui qui le faisait sangloter en écrivant l’admirable air pour contralto :
«He was despised and rejected of men»
«Il fut méprisé et abandonné des hommes».
Messie, ce chef-d’œuvre du « saxon » se lit comme un sermon se divisant en trois parties :
A. Les Prophéties. La Nativité
L’ordre de Dieu. La paix de la brebis dans le troupeau. La douceur du sacrifice accepté.
B. «Le sacrifice du Christ et sa condamnation»
La Passion. L’indicible douleur du sacrifié.
L’ordre de Dieu refusé. Le combat du Bien et du Mal.
La victoire finale. Alléluia
C. «Le Christ triomphant»
La mort dépassée
La Rédemption posthume dans le sang de l’agneau.
La félicité de l’Amen et les Bénédictions.
“Et sur son manteau et sur sa cuisse il porte ce nom écrit: ROI DES ROIS ET SEIGNEUR DES SEIGNEURS. Alleluia!” Apocalypse XIX, seize traductions du texte biblique dans son originalité.
«En écrivant l’Alléluia, j’ai cru voir le ciel s’ouvrir et Dieu paraître devant moi» aurait confessé Haendel lui-même.
Après la création de l’œuvre :
« Cessez, zélateurs, cessez de condamner ces chants célestes qui permettent aux Séraphins de chanter la louange du Messie. Ne déclarez plus le théâtre indigne de la glorification divine : ces chants bénis confèrent à la musique une grâce nouvelle, font respecter la vertu et sanctifient le lieu. A une harmonie comme la sienne, le Ciel a donné pouvoir d’élever l’âme de la terre et de transformer l’enfer en paradis. » Daily Advertiser 31 ? 1742
Auteur: Georg-Friedrich Haendel, né le lundi 23 février 1685 à Halle (Empire allemand); mort le Samedi Saint (!) 14 avril 1759 à Londres.
Date: partition composée et achevée entre le 22 août 1741 et le 14 septembre 1741 soit une vingtaine de jours de transe ! sur un livret écrit en langue anglaise.
Création: le mardi 13 avril 1742 au “Music Hall” sur Fishamble Street à Dublin (Irlande) inclus dans une tournée de concerts sur invitation du vice-roi d’Irlande.
Oratorio sacré, une œuvre de musique vocale et instrumentale à caractère dramatique et sujet religieux, ne faisant pas contrairement à l’opéra l’objet de représentations scéniques. Si l’on met de côté les oratorios haendeliens à caractère “héroïque” ou “narratif”, le Messie appartient à la catégorie dont le sujet véritable, transcendant toute situation humaine particulière met en situation la relation de l’Homme avec son Dieu. Il est précédé alors d’Israël in Egypt (1740) et sera suivi de l’Occasional Oratorio (1746).
Effectif, au départ : Oratorio écrit pour 2 soprani, dont 1 voix de garçon, 2 contre-ténors, 1 contralto, 1 ténor, 1 basse, soli. Les solistes retenus ici sont : une soprano, un contre-ténor, un ténor, un baryton- basse. Un chœur à 4 pupitres. Orchestre à cordes doublé “ad libitum” dans l’ouverture et dans les chœurs par des hautbois et des bassons se joignant à la basse continue; 2 trompettes, timbale et basse continue.
Oratorio sacré, Messie doit être emporté par un grand élan de foi, animé d’un vivant et fort sentiment religieux, en réponse à l’esprit de l’œuvre et de la volonté du compositeur qui était tout d’abord transparence, véhémence du discours, lignes de force soulignées, couleur et rythmes violemment opposés dans les récitatifs notamment. « Il ne faudrait pas qu’un «ignorant» trouve la partition simplement intéressante. Je serais navré si elle ne faisait qu’intéresser les gens. Ce que j’ai voulu, c’est les rendre meilleurs» (I Wished to make them better). Haendel
Le Messie de Georg Friedrich Haendel n’a jamais été conçu pour être donné sous forme scénique – cela ne fait aucun doute. Plus encore, cet ouvrage constitue « de par sa nature même, une réflexion religieuse ou philosophique »
– à cent lieues, donc, de toute réalisation concrète, telle que la suppose une action dramatique.
Examinons de plus près le contenu du Messie, pour bien distinguer l’apparence de la substance : l’idée du Messie ne vient pas de Haendel lui-même ; cette œuvre se rattache en réalité à une initiative de Charles Jennens (1700-1773), mécène et librettiste anglais, qui avait déjà fourni à Haendel les livrets des oratorios Saül(1738) el lsraël en Egypte (1739). Grand amateur de Shakespeare et mélomane averti, Jennens professait un conservatisme marqué en matière de foi, et les courants de pensée rationaliste de son temps, qui touchaient de plus en
plus la religion elle-même le hérissaient. C’est pourquoi il établit en s’appuyant sur ses propres conceptions religieuses, un recueil de textes dont les liens avec les Évangiles sont très secondaires. Le livret du Messie se compose principalement de passages de l’Ancien Testament, des épîtres de saint Paul et de l’Apocalypse de Jean.
ll n’y a pas véritablement d’action dans Le Messie, ce qui le distingue considérablement des précédents oratorios réalisés en commun par Haendel et Jennens. Pour Le Messie, Jennens emprunte une autre voie : il s’efforce de montrer à travers la juxtaposition de passages de l’Ancien Testament et du Nouveau que toutes les prédictions des prophètes se sont réalisées, que le Messie tant attendu est effectivement venu au monde sous les traits de Jésus. Quelles preuves en a-t-on ? demande cet oratorio. Et il cherche une réponse dans l’interaction entre la parole de Dieu transmise par les prophètes et les hommes qui luttent pour la foi.
> Quelques éléments concernant la cheffe Laurence Equilbey, son Chœur accentus et son ensemble orchestral l’Insula Orchestral : cliquez ici
> Quelques mots sur les solistes cliquez ici.
> Enumérons maintenant les numéros suivant l’édition Schering, la plus courante, en précisant toutefois les possibilités usuelles de changements dans les attributions des airs et récitatifs, les coupures, la position de l’entracte, s’il y a . Cliquez ici
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