C’est pour le vendredi 10 novembre 20h. La faute au Cycle Grands Interprètes, aidé en cela par la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée. Le jeune contre-ténor est accompagné par l’orchestre Il Pomo d’Oro dans un spectacle intitulé Beyond.
Annonçons tout de suite ce qui est prévu. Quant à l’imprévu, il faudra venir écouter… et voir :
Claudio Monteverdi (1567-1643)
L’Incoronazione di Poppea : « E pur io torno » (Ottone) – (Venezia, 1642)
Voglio di vita uscir
Biagio Marini (1594-1663)
Passacaglia
Giulio Caccini (1551-1618)
Amarilli, mia bella – (1602)
Girolamo Frescobaldi (1583-1643)
Così mi disprezzate : « Aria di passacaglio » – (1630)
Johann Caspar Kerll (1627-1693)
Sonate pour deux violons en fa majeur
Barbara Strozzi (1619-1677)
Cantate, ariette e duetti : « L’amante consolato » – (1651)
Francesco Cavalli (1602-1676)
Pompeo Magno : « Incomprensibil nume » (Pompeo) – (Venezia, 1666)
Carlo Pallavicino (1630-1688)
Demetrio, Sinfonia – (Venezia, 1666)
Giovanni Cesare Netti (1649-1686)
La Filli : « Misero core…Si, si, si scioglia si…Dolcissime catene » (Berillo) – (1682)
Antonio Sartorio (1630-1680)
Antonino e Pompeianio : « La certezza di sua fede » (Pompeo) – (Venezia, 1677)
Giovanni Cesare Netti (1649-1686)
L’Adamiro TN V.1b : « Quanto più la donna invecchia » (Crinalba) – (Napoli, 1681) L’Adamiro TN V.1b : « Son vecchia, patienza » (Crinalba) – (Napoli, 1681)
Adam Jarzębski (1590-1648)
Tamburetta
Sebastiano Moratelli (1640-1706)
La Faretra smarrita : « Lungi dai nostri cor » (Amore) – (1690)
Beyond, c’est-à-dire ?
Le chanteur a décidé de mettre à son programme des compositeurs de la première période du monde du Baroque, ces quelques dizaines d’années foisonnantes de création musicale dans l’Europe d’alors et plus particulièrement dans tous ces territoires qui devront attendre le turinois Cavour pour constituer l’unité italienne soit 1861. Ces musiciens seront du Seicento essentiellement, notre XVIIè siècle, faisant donc suite à la musique de la Renaissance et les labyrinthes raffinés de ses polyphonies. L’année 1594 est définie comme cruciale dans ce bouleversement. Palestrina meurt à Rome, Roland de Lassus meurt à Munich et Jacopo Peri, chanteur florentin, compose le premier “opéra“ au sens moderne du mot, « Dafné » en 1598. Suivra, en 1600, son Euridice. Le baroque naît avec. Baroque, vous avez dit baroque, ce mot d’origine portugaise barroco qui désigne une perle irrégulière. Bizarre !
D’où son terme employé de Beyond soit bien au-delà en remontant des compositeurs si connus comme Vivaldi et Haendel et Alessandro Scarlatti, et Bach qui la dominera et la dépassera, ce baroque qui explose en courbes, en bouquets, en confettis sonores, le contraire de l’étroitesse minimaliste qui bridait l’imagination auparavant. Exubérance sonore et poésie rêveuse s’y déploient, et on se laisse emporter par ces tourbillons ou caresser par ces cordes attendries. « Un monde où tous les contraires seraient harmonieusement possibles. » On signalera que c’est un certain Yannis François, responsable de la découverte de nombreuses rarities si ardemment défendues par le nouveau divo. On note, en même temps, la vogue incroyable de la peinture après 1600.
Attention, dans ce naissant Seicento, il n’est pas dit que tout soit rose. Les contrées sont plus ou moins dévastées par les guerres, c’est le retour de la peste noire qui saute allègrement les murets de pierre sèche, les incendies qui se propagent si facilement, les pillages, les derniers feux de l’hérésie de la peur propagée par la Contre-Réforme, enfin les excès capricieux de princes, rois et reines décadents, très fragiles et perturbés. Paradoxalement, tout cela fait face à une brillante vie artistique animée par un puissant mécénat.
Le contre-ténor polonais Jakub Józef Orliński – cliquez ici
Il Pomo d’Oro : cliquez ici