Deux dates en effet, le mercredi 8 novembre et le lendemain jeudi. Joseph Swensen dirige l’Orchestre national du Capitole de Toulouse sur le 8 d’abord. C’est un concert GRATUIT auquel les étudiants sont invités. Deux œuvres au programme, Laniakea de Camille Pépin suivi du monument , la Symphonie n°6 “Pathétique“ de Tchaïkovski. Le 9, se rajoute le Double concerto pour violon et violoncelle de Brahms, avec Kristi Gjesi et Jonathan Swensen. C’est, bien sûr, à la Halle à 20h.
Autre événement : une académie va voir le jour avec des membres du Conservatoire de Toulouse, mais aussi de l’isdaT (Institut supérieur des arts et du design de Toulouse). Les musiciens sélectionnés pour cette académie passeront plusieurs jours de répétitions auprès des musiciens de l’Orchestre du Capitole qui les encadreront lors du concert étudiant. Joseph Swensen sera bien le maître de cérémonie de cette soirée.
Habitué depuis plusieurs années à diriger des concerts de l’ONCT à la Halle, très apprécié du public, on ne va pas faire l’affront au maestro de brosser sa carrière, impressionnante cela va de soi.
En ouverture de concert, Laniakea de Camille Pépin, jeun compositrice française qui baptise elle-même sa création de “fresque cosmique“. Laniakea, soit en hawaïen « paradis céleste incommensurable ». Camille Pépin, que nous avons pu découvrir lors du 42è Festival de piano aux Jacobins dans une pièce pour piano Number One interprétée par la pianiste Célia Oneto Bensaid. On remarquera aussi son concerto pour violon créé par son dédicataire Renaud Capuçon, ainsi qu’une nouvelle pièce pour orchestre dirigée par Mikko Frank, Inlandsis. La jeune compositrice a, comme on dit, le vent en poupe.
Le 9, c’est le Double concerto pour Violon et Violoncelle et Orchestre en la mineur, op 102 de Johannes Brahms. Il a pour solistes, Kristi Gjesi, premier violon solo de l’ONCT et le violoncelliste de 26 ans, danois-américain Jonathan, fils de Joseph, New Artist of the month en 2018, “tombé“ amoureux du cello à six-sept ans, la faute au Concerto pour violoncelle d’Elgar dirigé par son père ! Couvert de récompenses dans son pays natal, le Danemark (maman est une violoniste danoise), sa carrière a déjà pris une dimension internationale Il a finalement fait ses débuts en concerto en interprétant cette même pièce avec l’Orquestra Sinfónica do Porto Casa da Música dirigé par.… papa. Depuis lors, il s’est produit avec des orchestres tels que l’Orchestre Philharmonia, l’Orquesta Ciudad de Granada, l’Orchestre Philharmonique de Copenhague, les Orchestres Symphoniques de, Aarhus, Aalborg et Odense, l’Orchestre Symphonique d’Islande, l’Orchestre NFM Leopoldinum, l’Orchestre Symphonique d’État Arménien et l’Orchestre Philharmonique d’État Slovaque de Košice. Et autres.
Créé le 18 octobre 1887 à Cologne par Joseph Joachim, célèbre violoniste et proche de Brahms et Robert Hausmann, violoncelliste du Quatuor Joachim, sous la direction du compositeur, ce Double concerto pour violon et violoncelle est la dernière œuvre concertante (seulement quatre concertos) de Brahms qui termine ainsi sur une formation fort peu courante en cette fin d’époque romantique. Comme précédents illustres, on ne peut guère citer que ceux de Bach, celui de Mozart pour violon et alto, celui de Spohr pour 2 violons et le triple concerto de Beethoven. Ce Double Concerto serait-il comme une sorte d’adieu du compositeur ? sans le savoir sans doute, est-il en train de rédiger son testament symphonique ? Car, dans les vingt œuvres à venir encore, seuls le piano, la voix, la musique de chambre pourront exprimer le recueillement et l’intime concentration de sa pensée. D’aucuns, à l’écoute de ce Concerto, retrouvent le jeune Brahms, celui des brumes nordiques.
L’aspect peu traditionnel de l’œuvre explique peut-être son accueil plutôt réservé alors, surtout en France, et sa popularité assez réduite. Le Concerto semble s’être vengé depuis, et de la meilleure des manières. Il est en trois mouvements : I – allegro : D’une forme tout à fait particulière en raison de sa liberté de construction et de sa richesse thématique : 3 thèmes principaux et jusqu’à huit idées secondaires ! entraînant une durée d’exécution supérieure à la totalité de celle des deux autres mouvements suivants. 17’ pour 8’ et 9’. Et sa tonalité affective est permanente. L’introduction au violoncelle est, disons, somptueuse. Pour suivre, un II – Andante dans lequel « la lumière tamise ses moindres éclats en un ciel uniforme » et enfin un III – Vivace non troppo – Poco meno allegro – Tempo assez époustouflant. « Nous retrouvons la terre ferme et un assez plaisant exemple de légèreté germanique. Légèreté du peuple, du violoncelle, s’alliant dans une danse où l’on fait des “pointes“ en sabot. Quand Brahms retouche la terrienne réalité, il aime en sentir la rassurante épaisseur, la confiante consistance. »
Piotr Ilyitch Tchaïkovski {1840 – 1893}
Symphonie n°6 “Pathétique“ en si mineur op.74
Tchaïkovski fut sans aucun doute le premier compositeur russe professionnel. Le musicien plus ou moins autodidacte possédait une gigantesque puissance de travail et sera à l’origine d’un vaste catalogue d’opus recouvrant tous les genres. À savoir, piano seul, musique de chambre, mélodies, opéras, musique de scène, ballets, concertos, symphonies, poèmes symphoniques, musiques religieuses. Déconcertant. La musique symphonique, forte de somptueuses mélodies, d’une orchestration brillante, d’un véritable sens du spectacle, suffira à elle seule à établir sa popularité. L’inspiration en est diverse.
Des poèmes symphoniques comme Romeo et Juliette, Capriccio italien sont nourris d’impressions littéraires et de paysages aimés. Les Suites se complaisent au pastiche et saluent un 18ième siècle vénéré. Les concertos s’enivrent de leur propre jouissance instrumentale. Tchaïkovski ne dédaignait point le qualificatif de joli, le cultivait même, et tout autant, le détail piquant et original, l’invention et le charme de la nouveauté, tout empreint d’une hypersensibilité. Des atouts qui lui permettent d’apprécier fort, en son temps, le Carmen de Georges Bizet créé alors en 1875, et se réjouissant de son succès grandissant. Il a lui-même 35 ans et Bizet 28. C’est le temps pour lui de placer ses trois dernières symphonies, véritables explorations épiques de l’âme humaine et grandes complaintes devant le Destin. Dans la Quatrième, il livrera à sa bienfaitrice, la baronne Nadejda von Meck, sa confession en musique et son combat désespéré de l’âme contre le fameux fatum, « cette force inéluctable qui empêche l’aboutissement de l’élan vers le bonheur », une véritable obsession qui le hante. Dix ans s’écouleront avant la Cinqième et encore cinq pour arriver à la Sixième, et rien n’est résolu. Le fatum est toujours aussi envahissant, « cette force fatidique qui empêche l’aspiration au bonheur d’aboutir, qui veille jalousement à ce que notre félicité ne soit jamais parfaite, qui reste suspendue au-dessus de notre tête comme une épée de Damoclès et qui perpétuellement verse le poison dans notre âme. » Son homosexualité notoire et, comme on dit “honteuse“, n’arrange rien, le vernis de la respectabilité se craquelant de partout. L’échec patent d’un mariage de quelques mois a dissipé toutes les illusions et tous les mensonges.
Adagio – Allegro ma non troppo – Andante – Moderato mosso – Adagio mosso – Allegro vivo – Andante con prima – Andante mosso
Allegro con grazia
Allegro molto vivace
Finale : Adagio lamentoso – Andante – Tempo I – Andante non tanto – Andante
Durée, en fonction du chef ! entre 45 et 50 minutes
Quelques mots sur la Sixième, cliquez ici
Orchestre national du Capitole