Après avoir traversé une phase ardue pendant les temps forts du Covid-19, le Bascala a quelque peu repris son souffle pendant la saison 2022-2023, sous l’égide de Marie Leininger. Si toutes les cases n’ont pas été cochées, c’est avec la plus grande considération envers les attentes du public que la salle de spectacle repart pour un tour cette année. Rencontre avec la directrice des lieux.
Culture 31 : Lors de votre arrivée à la direction du Bascala, en 2021, vous avez dû faire face aux restrictions liées au Covid-19. La fréquentation a-t-elle, cette fois, été fidèle à vos attentes durant la saison 2022-2023 ?
Marie Leininger : Sur le début de la saison 2022-2023, on avait encore des difficultés. Au fur et à mesure, on s’est rendus compte que les gens revenaient, mais pas sur les mêmes spectacles. Sur les spectacles seniors, on n’a pas du tout retrouvé les chiffres d’avant. Par contre, sur une programmation plus festive, on a vu que les gens avaient vraiment envie de sortir et de se retrouver. Donc on a eu plus de mal à remplir des choses « sérieuses », qui demandent de se concentrer. Comme une pièce de théâtre, par exemple. C’était plus facile de remplir des choses festives comme des concerts debout.
Vous aviez d’ailleurs privilégié la variété des spectacles aux grosses têtes d’affiche. Cette stratégie s’est-elle révélée payante ?
Dans les chiffres de fréquentation, pas forcément. Mais ça reste un choix porté par la mairie de Bruguières pour pouvoir offrir à tous un accès à la culture, au plus près des territoires. Présenter une culture plus élargie, proposer quelque chose à tout le monde. Sur l’année qui s’ouvre, on a quand même quelques noms assez sympas à dévoiler. On n’oublie pas non plus les têtes d’affiche, mais c’est vrai que l’on continue sur cette idée de proposer beaucoup de choses différentes, avec tous les publics comme cible.
Avez-vous réussi à convoquer le public du centre-ville, que vous aviez particulièrement encouragé à venir l’an passé ?
Non, on se rend compte que c’est toujours aussi difficile. Le public toulousain de centre-ville a déjà une offre culturelle tellement large – et c’est tant mieux – que l’on a plutôt un public du nord toulousain, qui rassemble plein de petites villes qui grandissent. On commence vraiment à avoir une identité « nord toulousain » et la salle prend toute sa place auprès de ce public là.
Quel est votre plus beau souvenir de la saison qui vient de s’écouler ?
On a fait une chasse aux œufs un peu particulière pour Pâques, puisqu’il y avait un jeu de piste dans la ville, avec différents lieux du patrimoine de Bruguières. Cette chasse partait du marché de printemps, qu’on retrouve au centre-ville, et aboutissait sur la base de loisirs du Bascala, où il y avait un petit concert-guinguette en accordéon-voix, au bord du lac. C’était vraiment une très belle matinée.
Quels sont, selon vous, les spectacles proposés au Bascala à ne surtout pas manquer cette année ?
Cette année, il y a une chose que je trouve un peu particulière – et ça vient sûrement de mon passé – mais on va accueillir pas mal d’orchestres. On va notamment avoir l’Orchestre du Capitole, ainsi que l’Orchestre de Chambre de Toulouse, dans une création avec le rappeur Checca. Mais aussi le Big Band Brass, qui est pour moi l’un des plus beaux ensembles d’Occitanie, qui viendra présenter la sortie d’un nouvel album. Et enfin, l’orchestre Opus 31, qui va travailler avec l’école de musique de Bruguières. C’est ici un projet autour des musiques de dessins animés, donc ça va clôturer joliment la saison des dimanches en famille.
Vous allez poursuivre l’aventure du format « scène découverte ». Comment dénichez-vous les artistes de demain ?
D’une part, on reçoit vraiment beaucoup de propositions de jeunes artistes. Mais je m’appuie aussi sur deux écoles. L’ISPRA à Toulouse et ON AIR à Montauban. Ce sont des écoles d’ingénieurs du son, et connaissent donc énormément de jeunes talents qui font appel à eux pour les sonoriser, afin que les élèves travaillent en live. C’est donc en passant par eux que je déniche les petites pépites.
Sans parler de chiffres, quels sont vos objectifs pour 2023-2024 ?
J’aimerais vraiment que la saison des dimanches en famille prenne toute sa place. On a eu des choses très inégales l’année dernière. Des dimanches remplis et des dimanches très peu remplis. Pourtant, les propositions sont vraiment très belles. Je me permets de le dire parce que ce n’est pas moi qui les programme, mais ma collègue Pascale Fornes. Là, on a encore une très belle saison et j’espère sincèrement que les familles du nord toulousain vont s’emparer de ces propositions.
C’est l’un des objectifs, et même chose pour les scènes « découverte ». Parce que ça n’a pas très bien marché l’année dernière. Les gens du coin n’avaient pas encore bien saisi le concept. C’est-à-dire des concerts très abordables où l’on peut venir entre amis pour boire un verre, tout en écoutant de nouveaux talents. Donc ça peut être vraiment agréable, et on espère que ce sera plus rempli cette année.
On va également essayer de faire mieux sur nos soirées à thème. L’année dernière, on avait imaginé une soirée dansante par trimestre. On avait une soirée années 80, une soirée carnaval avec la compagnie MeuBrasil, et une soirée « Bal de la Libération » avec un orchestre swing et des danseurs de swing. De très belles soirées et de très bons souvenirs pour moi. Mais le public a eu du mal à s’emparer des thématiques. On fera donc, cette année, une soirée années 80, une soirée Saint-Patrick et une soirée feria. Ce sont des thématiques qui devraient plus parler au grand public.
Un projet que vous souhaiteriez évoquer ?
On participera encore cette année au festival « Villes pour Tous », anciennement « Ville et Handicap ». Pendant une semaine, on proposera des activités et des spectacles accessibles à tous les publics et handicaps. C’est une semaine particulière pour nous. Pendant deux jours, on accueillera des élèves, répartis sur différents ateliers. On fera ensuite une boum pour les enfants, le mercredi après-midi. On espère d’ailleurs y mêler les publics en situation de handicap et les enfants.
On aimerait vraiment plus de mélange des publics, que ça devienne une norme de côtoyer quelqu’un d’handicapé, sans que ça interroge. Il y aura aussi une soirée karaoké/blind test, un spectacle de danse hip-hop en langue des signes et des olympiades. Toute cette semaine du 20 au 25 novembre est labellisée « Villes pour Tous », et c’est quelque chose qui me tient beaucoup à cœur, car je trouve que la cause est noble et qu’il y a encore beaucoup de choses à faire en France.
Propos recueillis par Inès Desnot