Wahou !, un film de Bruno Podalydès
Sous couvert d’une comédie, Bruno Podalydès nous fait entrer adroitement dans les arcanes psychodramatiques d’une transaction immobilière, à l’achat ou à la vente. Il nous dévoile subtilement ce que nous savons tous, l’attachement à la pierre qui nous abrite.
L’agence immobilière Wahou ! tient son nom de l’expression qui marque le début d’une transaction en chance d’aboutir lorsque le futur acheteur s’exclame « wahou ! » en découvrant ledit bien. Bruno Podalydès nous met dans les pas de deux conseillers de cette agence : Oracio (Bruno Podalydès lui-même) et Catherine (Karin Viard). Ils se partagent les visites de deux biens à la vente : une splendide et ancienne demeure et un petit studio en cours d’achèvement. C’est bien sûr l’occasion idéale pour sonder les acheteurs mais aussi les vendeurs. Et du côté de ces derniers, ce sont surtout les propriétaires de la bâtisse avec jardin qui retiennent notre intérêt. Il faut dire que le réalisateur a réuni un couple infernal : Sabine Azéma et Eddy Mitchell. Autant la première citée est pour la vente, autant son mari freine des quatre fers. Chacun a ses raisons et elles sont légitimes. Madame trouve la charge trop lourde à tous les points de vue et ne voit plus l’utilité d’une telle demeure à leur âge. Monsieur est dans le souvenir, la nostalgie du temps passé. C’est au total un véritable défilé de portraits digne de La Bruyère, interprétés par des artistes idéalement choisis : Agnès Jaoui, Manu Payet, Isabelle Candelier, Roschdy Zem, Denis Podalydès et bien d’autres. Au travers d’éléments de langage parfaitement connus et d’une affligeante banalité : bien d’exception, jardin piscinable, triangle d’or, etc., c’est toute la panoplie des argumentaires qui peuplent le vocabulaire des conseillers qui tente d’appâter le chaland, à un tel rythme qu’eux-mêmes n’y croient plus une seconde. Ce qui est souligné, également très vrai, c’est ce moment d’intimité que crée une visite, moment dans lequel souvent des confidences affleurent. Le pourquoi ? Le comment ? Et puis parfois, dans ce lieu isolé, souvent vide, s’ouvre le champ des possibles… Bien sûr, le principe même de ces visites rend le processus répétitif, mais grâce au talent de la distribution retenue, c’est chaque fois un film en lui-même, une scène de la comédie humaine. Une réussite, subtile pour le moins.