Céline, plus connue sous le pseudonyme back_incontrol, est une graphiste, illustratrice et artiste peintre depuis maintenant deux ans. Ses œuvres sont exposées au Smoking Barrel, bar situé dans le quartier de Saint-Cyprien à Toulouse.
Après avoir arrêté ses études pour diverses raisons, la jeune femme a travaillé dans la vente pour finalement décider de se lancer dans l’art. Une passion qui l’anime depuis son plus jeune âge. La vitrine de la jeune femme est sur les réseaux sociaux et c’est Instagram qui prend une part importante dans la communication de Céline. Rencontre avec une artiste dans l’air du temps.
Quand as-tu découvert ta passion pour l’art ?
Céline : « Je ne sais pas vraiment depuis quand j’ai cette passion parce que depuis que je suis toute petite j’adore dessiner, écrire des BD ou des histoires. Je dessinais des mannequins avec des vêtements. On ne m’offrait pas forcément des barbies à Noël, c’était surtout des choses pour créer de mes mains, des kits de coloriage, des choses pour fabriquer des bijoux…
Ma mère a pris des cours de peinture, je l’accompagnais parfois donc je voyais un peu ce côté-là aussi. Quand il a fallu choisir des études, je ne me voyais pas aller dans les trucs plus classiques, rien ne m’attirait vraiment donc je me suis dit pourquoi ne pas tenter. Finalement je ne me suis pas trompé, c’est vraiment ma voie ».
Est-ce que tu as des processus de création qui reviennent régulièrement
Céline : « Tout commence par une idée, même si ça semble bête à dire, je me dis pourquoi ne pas associer des choses, par exemple deux mots. Je fais un croquis et je choisis une palette de couleur après je me laisse un peu porter mais il y a des choses qui me parlent dans l’art comme les couleurs, les portraits notamment féminins, les choses un peu douces. Ça revient souvent dans mes créations.
J’essaye de me mettre un cadre, il y a beaucoup de formats qui reviennent sur mon Instagram car j’ai vu que ça plaisait à pas mal de personnes. Cet été je proposais de dessiner une chanson avec moi, je prenais 15 à 20 secondes d’un morceau de musique et j’illustre chaque phrase pour que ça soit animé ».
Tu fais participer ta communauté sur les réseaux, pourquoi faire ce choix ?
Céline : « Ce sont des choses qui fonctionnent bien et que je devrais faire plus souvent. Il y a quelque chose quand on est tout seul, pas que dans le domaine de l’art d’ailleurs, on se questionne beaucoup sur ce qu’on fait.
Est-ce que ça va plaire ? Est-ce que je fais les choses correctement ?
Donc je demande l’avis des personnes car c’est important dans l’art de partager et de faire en sorte que ça parle au plus de gens possible. Il y a aussi ce côté de la peur de l’échec et du refus qui fait partie du parcours donc quand je propose des choses qui ne plaisent pas ça me fait avancer aussi, c’est important ».
Est-ce que tu penses qu’Instagram et les réseaux sociaux plus largement sont important pour un artiste ?
Céline : « C’est très très important, je pense qu’Instagram est le plus important car il met en avant les photos. Certes maintenant ce sont aussi les vidéos mais de base c’était surtout les photos et c’est quelque chose qui est accessible à tout le monde. Ça peut être l’adolescente qui partage des photos avec ses amies, ou le père de famille, les artistes… C’est un média qui reste très humain je trouve, ça permet une sorte de proximité. Un peu comme si on allait dans une galerie, sans y aller à proprement parler. Dans un musée par exemple, il y aura de l’art mais un peu moins le côté humain et la spontanéité d’échange qu’il peut y avoir avec Instagram ».
Il y a peut-être un plus grand impact de l’art sur les plus jeunes par le biais des réseaux ?
Céline : « Ça a un très gros impact, il y a plein de jeunes qui réagissent à mes posts, je le vois sur mes statistiques. Au niveau de l’âge je touche une cible entre 14 et 35 ans. Je reçois beaucoup de messages de jeunes qui me demandent dans quelle école j’ai été, si je travaille en tant qu’artiste ou autres. Ils sont moins impressionnés par le fait de faire un message sur Instagram que d’aller dans une galerie pour poser toutes leurs interrogations, c’est plus simple ».
Est-ce que ça t’ouvre des portes d’être aussi présente sur les réseaux ?
Céline : « Ça marche différemment pour tout le monde, mais moi c’est là que j’ai eu mes premières propositions d’expositions. Quand on poste beaucoup on voit aussi beaucoup de choses, ma vie sur les réseaux ne se résume pas uniquement à poster, je regarde beaucoup ce que font les autres, c’est comme ça qu’on se fait des relations aussi. La première expo que j’ai faite en octobre, je l’ai vu sur Instagram j’ai écrit un message pour participer et ça a fonctionné ».
Qu’est-ce que tu ressens quand tu crées ton art ?
Céline : « L’art c’est vraiment vital, la création c’est quelque chose que je dois faire, j’ai des idées et elles doivent sortir. Ma première émotion c’est la plénitude, la sérénité et j’oublie ce qu’il y a autour, parfois je peins pendant six heures sans même m’en rendre compte.
Après l’art ça peut être un refuge pour les choses compliquées dans la vie ou pour celles qui au contraire sont tellement belles qu’on veut les exprimer. J’ai vécu des choses moins faciles cet été et parfois ça a pu se retranscrire dans mon art. Ce sont des idées qui ont besoin de sortir, en fonction de l’humeur, c’est un peu un réflexe de mettre de moi dans mon art. Je pense que c’est obligatoire, et qu’il n’y a pas ou peu d’artistes qui ne mettent pas un peu d’eux dans leur art que ce soit conscient ou inconscient ».
C’est des questions qui reviennent pas mal dans la société en général, est-ce que tu penses que ton art est dissociable de toi ?
Céline : « Pour ma part et c’est mon point de vue personnel, l’art ne se dissocie pas de la personne que je suis. Je doute que ça puisse être dissocier des personnes qu’on est en général car c’est quelque chose qui sort de nous. Je fais aussi de la musique et c’est la même chose c’est une partie de moi que je montre aux autres aussi donc je ne peux pas le dissocier de ma personne ».
Tu exposes tes œuvres, au smoking barrel et dans un skate shop à Agen, est-ce que tu vends également tes œuvres ?
Céline : « J’ai une boutique en ligne et souvent je fais des logos et du graphisme. En ce moment j’échange avec des artistes, des écrivains pour illustrer leur livre ou leur parole. J’aimerais pouvoir vivre de mes ventes, je me suis laissé 5 à 6 ans, c’est long mais très court aussi. C’est important de savoir que dans ce genre de métier ça n’arrive pas tout de suite et ce n’est pas grave, ça fait très peur. On pourrait croire que c’est simple mais le chemin n’est pas linéaire, il y a des doutes. J’ai de la chance j’ai des économies et je suis bien entourée mais d’autres n’ont pas cette chance. Il faut laisser le temps, et ne pas arrêter de travailler, il faut s’établir des plans pour voir où on va et avoir confiance en soi.
Est-ce qu’il y a une journée type en étant artiste ?
Céline : « Il n’y a pas vraiment de journée type, mais il y a des choses qui reviennent. Moi je me lève le matin, je bois un café et je finis mes projets en cours. J’ai toujours des projets d’avance, je trouve ça important pour le mental. On ne sait jamais si je suis malade, s’il se passe quelque chose, il n’y a pas de congés maladie dans ce métier. Après je regarde si j’ai des commandes, si oui je les prépare et je les envoie. En ce moment je fais de la peinture, vu que j’ai de l’avance je peux faire des projets plus longs, la peinture ça ne peut pas être hachurées, les sessions se font en une demi-journée minimum.
Après j’ai une autre partie de mon métier qui est plus sur les réseaux et le fait de me mettre en avant donc je m’occupe de mon plan de communication, je prépare mes posts, mes vidéos, mes stories et je pense à de nouveaux concepts.
Est-ce que tu as appris la communication sur le tas ?
Céline : « Oui complètement, je dois l’apprendre car parfois les algorithmes changent donc notre façon de travailler aussi, d’ailleurs les artistes se révoltent un peu contre ça parfois. Puis il faut se démarquer dans un océan de post, d’artistes, c’est compliqué. On se renseigne, on regarde ce que font les autres artistes certains partagent leur savoir-faire, c’est un peu du bouche-à-oreille. Le plus important c’est de se former une communauté active et essayer de toucher les autres personnes, enfin c’est que j’ai constaté personnellement. »
Tu mélanges les médiums, est ce que tu as des outils préférés pour travailler ?
Céline : « Je fais un peu de tout mais principalement du digital, c’est le plus simple. Je peux amener ma tablette partout, en voyage ou autres et c’est hyper accessible, si je fais un mauvais trait je tape dessus il s’efface je n’ai pas besoin de gommer faire attention à ce qu’il y a autour. C’est ce que je vends sur ma boutique car j’ai une imprimante pro donc c’est facile. Je fais beaucoup d’acrylique sur toile avec en plus des marqueurs ou du crayon. Dernièrement je me mets à l’huile, c’est un peu plus difficile je n’ai pas l’habitude mais j’apprécie. Après pour le logo les affiches ou les cartes de visite j’utilise des logiciels particuliers ».
Comment évolue ton art ? Est-ce que tu sors de ta zone de confort pour découvrir de nouvelles choses ?
Céline : « Le digital et l’acrylique c’est là où je me sens le mieux mais c’est important que tu dises ça car je n’ai pas du tout le même style graphique qu’il y a deux ans. Moi c’est parce que je suis sortie de ma zone de confort que j’ai ce style aujourd’hui. Avant je faisais beaucoup de reproduction de photos, des choses assez réalistes, je ne m’aventurais pas trop dans l’art contemporain, ce qui est coloré. C’était très compliqué de sortir de cette zone de confort car à la base moi ce que je me disais c’est que si mon art n’est pas réaliste, il n’était pas bon. Ce qui est faux, l’art ça prend tellement de forme différente, aujourd’hui j’ai mon style et c’est important.
En ce moment avec les peintures j’essaye de donner un peu moins d’importance aux détails dans le fond, j’essaye de nouvelle chose. Je suis sur une grande peinture en ce moment et j’ai fait un fond abstrait avec une typographie gothique et ça rend super bien. J’ai quand même hésité un petit moment devant ma toile mais finalement je suis contente du résultat ».