Le concert du 8 octobre de l’Orchestre national du Capitole ouvrait la série des concerts Happy Hour, destinés à faire découvrir le grand répertoire symphonique à un public aussi vaste que possible. Une jeune cheffe, la Norvégienne Tabita Berglund, était l’invitée de cette fin d’après-midi consacrée à un programme associant Wagner et Sibelius.
Révélée en 2018 lorsqu’elle remporte le Prix Neeme Järvi de l’Académie de Gstaad, Tabita Berglund est considérée comme l’une des grandes promesses musicales de l’Europe parmi les jeunes talents de la direction d’orchestre. La cheffe norvégienne a fait ses débuts en France à la tête de l’Orchestre national de Lille.
Les concerts Happy Hour du samedi en fin d’après-midi possèdent leur propre spécificité. D’une durée qui n’excède pas une heure, ils favorisent la venue d’un public bien différent de celui des habitués de la saison symphonique. On peut d’ailleurs observer la présence de familles avec de nombreux enfants. Sans conteste, la moyenne d’âge des spectateurs se situe bien au-dessous de celle des autres concerts…
Le programme toulousain de Tabita Berglund s’ouvre sur le Prélude de l’opéra Tristan et Isolde suivi de la Mort d’Isolde de Richard Wagner. Les musicologues s’accordent pour considérer que ce « Prélude et mort d’Isolde » résulte d’une décision de l’éditeur de la première version imprimée de ce couplage, sous le titre « Vorspiel und Isolden’s Liebestod », parue chez Breitkopf und Härtel en 1882. La direction passionnée et nerveuse de l’invitée favorise ici un déploiement particulier de nuances contrastées. Ici un piano subito, là un court crescendo. Indéniablement, la pièce est construite sur une dynamique enflammée.
Cette partition est suivie de la Symphonie n°1 de Jean Sibelius. Composée alors que la nation finlandaise défendait son indépendance, l’œuvre rend un vibrant hommage à la culture, à la beauté des paysages et des chants scandinaves. Les quatre mouvements de cette œuvre de jeunesse, pour lesquels Sibelius avait initialement prévu un programme précis en référence à la nature, sont abordés ici avec une énergie impressionnante. Néanmoins, c’est le beau solo de clarinette élégiaque qui ouvre la symphonie sur le sourd grondement des timbales. Dès l’Allegro energico de ce premier volet, Tabita Berglund n’hésite pas à solliciter les tutti les plus éclatant. Les vents dominent indéniablement, et avec une ampleur dominatrice, le paysage sonore. L’enchaînement des mouvements favorisent l’expression d’une énergie irrépressible. Le feu et la flamme animent essentiellement la direction. Au point que l’excès de tension gomme un peu la nécessaire détente.
L’accueil chaleureux du public est récompensé par un bis qui vient calmer l’effervescence de la symphonie. Du même Sibelius, Tabita Berglund dirige avec lyrisme et beauté mélodique la très célèbre Valse Triste opus 44 n° 1, qui conclut ainsi cette première « heure heureuse » de la saison.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse