Après son triomphe en création mondiale au Festival d’Aix-en-Provence, dans une mise en scène de Katie Mitchell, l’opéra de George Benjamin « Written on Skin » est à l’affiche du Théâtre du Capitole.
Présenté dans le cadre du festival toulousain Novelum, « Written on Skin » (Écrit sur la peau) débute le cycle Présences Vocales au Théâtre du Capitole. Second ouvrage scénique du compositeur britannique George Benjamin, il a été écrit, comme le premier, en collaboration avec le dramaturge Martin Crimp, son compatriote. Il est le fruit d’une coproduction européenne réunissant le festival d’Aix-en-Provence – où la création de l’opéra dirigé par le compositeur reçut un véritable triomphe cet été -, le Théâtre du Capitole, le Royal Opera House Covent Garden de Londres, le Nederlandse Opera Amsterdam et le Teatro del Maggio Musicale Fiorentino.
Le livret est inspiré d’une légende occitane du XIIIe siècle, celle du poète Guilhem de Cabestanh traduite par Stendhal pour son recueil « De l’amour ». Le troubadour est ici un enlumineur confronté au puissant seigneur qui lui a confié la réalisation d’un livre. Pour le compositeur, « le monde dans lequel évoluent les cinq personnages de « Written on Skin » n’est pas réellement médiéval, c’est plutôt le monde d’aujourd’hui qui regarde en arrière et ramène à la vie un monde ancien (…). Dans nos deux opéras, Martin et moi avons chaque fois choisi des histoires anciennes qui sont observées d’un point de vue contemporain. Or l’ingrédient de cette mise en perspective est incroyablement simple : les personnages sont leurs propres narrateurs. Cette technique m’intéresse pour plusieurs raisons. D’abord parce que les chanteurs font ainsi comprendre au public que la situation est artificielle : ce qu’il y a sur scène n’est pas la réalité. Le spectateur peut alors se détendre, car ainsi l’illusion est dissipée et une porte s’ouvre sur une forme de spontanéité et de puissance ».
La mise en scène de l’ouvrage a été confiée à l’Anglaise Katie Mitchell, et la direction musicale à Franck Ollu. Après avoir dirigé en 2006, à l’Opéra de Paris, la création mondiale de « Into the Little Hill » de George Benjamin, le chef français fera ses débuts dans la fosse de l’opéra toulousain. L’ensemble de la distribution se produira pour la première fois au Théâtre du Capitole. Le contre-ténor anglais Tim Mead reprendra à Toulouse le rôle du Garçon (l’artiste), rôle créé par Bejun Mehta pour lequel a été écrit l’ouvrage. Le baryton Christopher Purves interprètera le riche protecteur. Dans le rôle de sa femme, on attend avec impatience Barbara Hannigan (photo) – qui vient de triompher à la Monnaie de Bruxelles dans le rôle-titre de « Lulu » de Berg.
À propos de son travail de préparation pour « Written on Skin », la soprano raconte : « Le défi imposé par le rôle d’Agnès a été d’en découvrir les limites, dans le son et les couleurs, les émotions, et les détails les plus subtils. J’ai eu parfois besoin de me sortir moi-même d’un certain excès d’expression, et un peu plus loin dans l’œuvre, plus particulièrement d’ »ouvrir » en m’efforçant autant que possible de me libérer de manière crédible de la frustration et de la colère ressentis par mon personnage. Agnès est au début une femme réprimée, un peu naïve à qui on interdit d’exercer son intelligence. Elle se libère en s’abandonnant à une histoire d’amour, elle parvient à la fin à reprendre possession d’elle-même et à ne plus être la propriété de quelqu’un d’autre», termine Barbara Hannigan.
Jérôme Gac
« Written on Skin », du 23 au 30 novembre, au Théâtre du Capitole, place du Capitole, Toulouse. Tél. 05 61 63 13 13.
Introduction au spectacle, avant la représentation, 19h00.
Conférence : « De la légende occitane à l’opéra contemporain», jeudi 22 novembre, 18h00, au Théâtre du Capitole (entrée libre).
B. Hannigan © Marco Borggreve