Cherry Red publie une belle compilation de la scène de Liverpool (1976-1988) qui a donné naissance à des groupes aussi essentiels que Teardrop Explodes, Echo & The Bunnymen, OMD, Lotus Eaters, Pale Fountains, La’s…
Après avoir été un port prospère après la révolution industrielle du XIXe siècle (qui lui valut d’être qualifiée alors de « seconde ville de l’Empire » après Londres par le Premier ministre Benjamin Disraeli), Liverpool a sombré dans la crise dans les années 1970 avec la désindustrialisation qui va frapper crescendo l’Europe (à cause de la mondialisation et de la délocalisation de la production dans des pays du Tiers-Monde). Involontairement, cette crise économique va permettre l’émergence d’une scène musicale florissante (idem pour la ville voisine de Manchester). C’est ce qu’explique, dans l’épais livret de la compilation, Mike Badger, fondateur du célèbre groupe liverpuldien The La’s : « La crise et le chômage ont joué un rôle important dans l’apparition massive de chanteurs, guitaristes et apprentis pop stars. Car c’était alors le seul moyen de s’en sortir, avec le foot ou la boxe. »
La scène punk fut le premier catalyseur (bon, on pourrait remonter plus haut avec le Mersey Beat des Gerry & The Pacemakers et, of course, les Beatles devenus mythe de la Cavern !), avec des groupes comme Deaf School ou Spitfire Boys.
Mais le plus intéressant allait venir un an après, avec la floraison de groupes post punk comme Big In Japan (véritable incubateur de talents puisque on trouve en son sein le guitariste Ian Broudie – futur Lightning Seeds –, le bassiste Holly Johnson – futur chanteur de Frankie Goes To Hollywood –, le batteur Budgie – futur compagnon sur scène et en dehors de Siouxsie –, ou le guitariste Bill Drummond – futur KLF), Echo & The Bunnymen, Teardrop Explodes. Si Big In Japan restera confidentiel et musicalement en dessous (mais avec un gros apport à la scène de Liverpool, via le label Zoo et quelques productions extra-Zoo comme Lori and the Chameleons et son charmant hit « Touch »), les Bunnymen et Teardrop Explodes marqueront à jamais l’histoire de la pop avec des disques majeurs. Le chanteur Julian Cope fera même une très honorable carrière post-Teardrop avec quelques albums solos de belle facture.
Une scène plus mainstream fit aussi son apparition avec des groupes comme China Crisis, Frankie Goes To Hollywood (et son très sexuel tube « Relax »), Dead Or Alive ou la synthwave efficace d’Orchestral Manœuvre in the Dark…
Une scène liverpuldienne plus pop allait surgir avec des groupes comme les subtils et préraphaélites Lotus Eaters, les méchus It’s Immaterial, les géniaux Pale Fountains ou The La’s de l’ingérable Lee Mavers…
Même s’il y a quelques manques, Cherry Red nous rappelle cette parenthèse miraculeuse avec ce coffret de 100 morceaux.
Depuis, d’autres groupes, tout aussi excitants (Boo Radleys, The Verve, The Coral, Ladytron, Dead 60’s, etc.) ont pris la relève…
CHERRY RED RECORDS
Revolutionnary Spirit, The Sound of Liverpool (1976-1988)
Long box 5 CD