Le chef italien si charismatique n’a pas l’intention de quitter l’univers de l’opéra pas davantage que celui du symphonique, et même au-delà puisqu’il sera, par exemple, le lundi 11 juillet sur l’Esplanade du Rosaire au Sanctuaire de Lourdes pour le Concert de clôture du Festival L’Offrande musicale. À 21h, il dirigera l’Orchestre Cherubini et son Chœur et le Chœur Cremona Antiqua dans un programme essentiellement dévolu à la musique sacrée.
Nous aurons successivement :
Vivaldi
Magnificat
Mozart
Concerto pour cor et orchestre n°1 en ré majeur : Allegro – Allegro
Verdi
Stabat Mater : 12’ : véritable chant du cygne du compositeur
Te Deum : 16’ chœur, soprano solo, orchestre
Mozart
Ave verum corpus : motet de 4’pour chœur, orchestre à cordes et orgue
Les solistes sont :
La soprano Ariane Vendittelli
La contralto Margherita Maria Sala
Félix Kleiser au cor
Antonio Greco, chef de chœur
Qui peut ignorer dans le monde de la musique classique que le maestro italien natif de Naples Riccardo Muti est bien l’une des références les plus brillantes de l’art lyrique tout en se voulant aussi chef symphonique. Il a fait le tour de la planète tant dans un domaine que dans l’autre, dirigeant des dizaines et dizaines d’œuvres lyriques sur les plus grandes scènes de théâtre, tout en faisant démonstration de sa gestuelle dans les plus grandes salles de concerts. On peut y admirer alors, ses bras qui tournent, roulent dans l’espace, et ses mains qui esquissent les modulations de la musique. On note l’extrême précision de ses gestes et pour les chanteurs les signaux très brefs de la tête. Il peut aussi chanter pour accompagner la mélodie. Tout un art, sans gesticulations et sauts vers les cieux.
Pour lui, l’art du chef, c’est être constamment à la recherche du son idéal. Il fonde sa conduite sur trois principes : la tradition comme règle, la discrétion comme impératif, le plus haut niveau comme système. Il ne dirige en principe que les partitions qu’il sait par cœur. Et surtout, surtout, vous confiera-t-il, toujours traiter les instrumentistes comme des musiciens à part entière et non pas comme de simples exécutants.
S’il dirige ici un tel programme, c’est pour plusieurs raisons mais on peut peut-être en évoquer une plus lointaine qui remonte jusqu’à sa découverte de la musique. Il pourrait vous confier que : « Mon père qui était médecin, avait une magnifique voix de ténor ; il a chanté notamment le Stabat Mater de Rossini et le Requiem de Verdi ; il adorait la musique et souhaitait que ses cinq enfants l’aiment aussi. » Il commencera par le violon, puis ce sera le piano. Un certain Vincenzo Vitale grand spécialiste de l’école napolitaine, va l’initier aux œuvres du XVIIIè, l’une de ses grandes passions. Mais c’est aussi celui qui saura lui dire qu’au piano, il ne sera jamais un grand virtuose mais, par contre, après ce premier concert où il dirige deux concertos de Bach, exercice qui l’enchante, il décèle un fort potentiel chez Ricardo pour la direction. Et ce sont les débuts d’une époustouflante carrière. Grâce à Antonio Votto, il gagne le prix Guido Cantelli. La boucle est bouclée, la carrière est lancée. Le producteur mondialement connu, Walter Legge le repère, qui voit en lui « le plus grand talent lyrique depuis Victor de Sabata et Tulio Serafin », deux chefs iconiques des années 50.
Dès la trentaine, c’est une carrière aux proportions inouïes avec des propositions qui se bousculent. Il s’efforcera alors au fil des ans de toujours équilibrer son activité entre la scène et les concerts. Il a beaucoup enregistré aussi et dans les deux domaines. C’est une discographie impressionnante.
Mais l’artiste a son caractère et il n’hésite pas pour autant à dire ce qu’il pense, par exemple, lorsque les chefs d’orchestre utilisent l’estrade pour des gesticulations excessives, ou qu’il estime que tel ou tel dirige une œuvre dont il ne connaît que les notes écrites sur la feuille. Ou du coût exorbitant des décors et costumes dans une production d’opéras, ou de la vision de certains metteurs en scène sur les scènes d’opéras. Il peut alors aller jusqu’au clash. Par exemple, pour ses deux opéras préférés que sont le Cosi fan tutte et le Falstaff dont il emporterait bien les partitions sur une île déserte, pas sûr qu’il participerait à une production dans laquelle on retrouverait un certain Calixto Bieito ! Par contre, il préféra diriger le Cosi qui faisait l’ouverture de saison 2018-19 du San Carlo de Naples, et mis en scène par sa fille Chiara !