Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
The Big Lebowski de Joel et Ethan Coen
Dans la vaste famille des fratries de réalisateurs qui va des Taviani aux Dardenne en passant par les Wachowski (devenus sœurs), notre préférence va aux frères Coen dont l’un des coups d’éclats se nomme The Big Lebowski, sorti en 1998. Qui est donc ce Lebowski (Jeffrey ou Jeff de son prénom), surnommé « The Dude » ? Un quadragénaire paresseux, barbu et chevelu, à l’allure de hippie attardé dont la tenue-type dit beaucoup du tempérament : peignoir de bain ou haut de survêtement, bermuda, tee-shirt douteux, sandales.
Passé à tabac dans son appartement miteux par deux inconnus l’ayant pris pour un homonyme, en l’occurrence un vieil homme richissime et paralytique, le Dude va être entraîné dans une histoire de vrai-faux enlèvement, de rançon et autres chausse-trappes. Cet antihéros – qui descend les « white russian » (vodka, liqueur de café, lait, glace) comme il respire – sera accompagné dans ses aventures par les fidèles Walter et Donny, compagnons de bowling.
Résistance passive
Dans le Los Angeles du début des années 1990, Joel et Ethan Coen s’amusent à détourner les codes du film noir et revisitent très librement l’univers de Raymond Chandler. Un étrange narrateur, habillé en cow-boy, ouvre et clôt le récit riche en profils pittoresques. Un trio de nihilistes allemands adeptes de la méthode forte sont de la partie, une peintre avant-gardiste use de ses charmes, un producteur de films pornographiques entre dans la ronde. Les Coen ne se refusent rien, lorgnent du côté de la comédie musicale et du psychédélisme. L’absurde et le non-sens ne les effraient pas. Devant leur caméra, la tragédie n’exclut pas la drôlerie et la dispersion des cendres d’un défunt vire au burlesque involontaire.
The Big Lebowski doit beaucoup à son interprète principal, l’immense Jeff Bridges qui livra avec le Dude une composition inoubliable de marginal cultivant l’indolence comme une forme de résistance passive à la société moderne. Il faut également saluer John Goodman, épatant en « redneck » irascible, vétéran du Viêt Nam, converti au judaïsme par amour. Steve Buscemi, Julianne Moore, John Turturro ou Ben Gazarra complètent le casting. Un « big » film.
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