« Aujourd’hui largement relayées par les médias, deux postions s’opposent dans le champ académique: d’un côté, les tenants d’une « autonomie » des sciences et d’une exigence de neutralité, avec une séparation stricte des arènes politiques et scientifiques. De l’autre, en partie au nom de l’urgence climatique, ressurgit fortement la « figure » du chercheur-militant qui engage activement ses savoirs dans l’espace politique« , explique le Quai des Savoirs. Ainsi, un débat est organisé le 9 décembre.
« Après avoir piloté pendant plus de vingt ans les Controverses européennes, à Marciac puis à Bergerac, la Mission Agrobiosciences-Inrae, en partenariat avec le Quai des Savoirs, initie un nouveau cycle d’échanges pluriannuels, au plus près des différents publics concernés » souligne Mission Agrobiosciences (MAA-INRAE), centre national de médiation et d’instruction des controverses. Son fil rouge ? Explorer les champs de tension qui s’exercent aujourd’hui autour de l’idée des limites, qu’elles soient frontière géographique, borne des savoirs, seuil éthique ou finitude des ressources. Des espaces intermédiaires souvent flous, que les uns souhaitent annihiler quand d’autres les voudraient inviolables. Se tenir tout au bord de ce trouble, saisir les états-limites qui traversent les champs des sciences et du vivant, c’est ce que propose BorderLine depuis septembre 2021.
Des débats accessibles gratuitement à tous les publics, laissant une large part aux échanges et aux regards croisés, pour instruire collectivement les points de frictions et les voies possibles, sans partis pris ni évitements. Le centre culturel consacré aux sciences, aux technologies et à la création contemporaine propose durant deux heures, en trois séquences et coanimées par Valérie Péan (MAA-INRAE) et Marina Léonard (Quai des Savoirs) un « débat qui explore les limites posées traditionnellement entre sciences e militantisme et que semblent franchir de plus en plus de chercheurs dans des disciplines variées » détaille le Quai des Savoirs. Il ajoute : « Que dit ce phénomène de la place et du rôle des sciences- et des scientifiques- dans notre sociéte contemporaine? Doit-il nous inviter à renouveler les approches et les cadres de pensée en matière de production de savoirs ainsi qu’à réfléchir à de nouvelles régulations ? »
En cause, en pratique, à la limite…
Au programme il sera traité trois thématiques . La première reviendra sur ce qu’est un militant. « C’est celui qui lutte activement pour défendre une cause, une idée. Si la question de ce type d’engagement se pose aujourd’hui de manière aigüe dans la communauté scientifique, elle n’est ni nouvelle, ni cantonnée aux sciences sociales ou aux problèmes environnementaux. Une remise en contexte des mobilisations au sein des mondes académiques et des notions clés du débat telles que la neutralité, avec le sociologue Francis Chateauraynaud (EHESS) et l’historien Pierre Cornu (Inrae) ». En seconde partie il y aura un débat sur « au nom de quoi s’engager ou s’en abstenir ? Qu’est-ce que cela produit ? Témoignages, arguments et échanges entre Laure Teulières (UT2J), Julian Carrey (INSA), tous deux membres de l’Atécopol (Atelier d’Ecologie Politique), plateforme d’expertise de la Maison des sciences de l’homme de Toulouse (CNRS-UFT) et Jean-Paul Krivine, Rédacteur en chef de Science et pseudo-sciences, la revue de l’Association Française pour l’Information Scientifique (AFIS) ».
Enfin il sera abordé l’ éthique et la responsabilité du chercheur, nouvelles configurations sciences-société… Où placer le curseur ? Relecture croisée de Emmanuelle Rial-Sebbag, juriste, directrice de recherche Inserm en bioéthique et droit de la santé, et de Alain Kaufmann, directeur du ColLaboratoire de l’Université de Lausanne, unité de recherche-action collaborative et participative.