Rouge un film de Farid Bentoumi
Le second long métrage de Farid Bentoumi, à qui nous devons déjà un premier opus très attachant sorti en 2005 (Good Luck Algeria), flirte avec le film-dossier sur le scandale des boues rouges de Gardanne.
Il nous met dans les pas de Nour (formidable Zita Hanrot), jeune infirmière qui préfère/doit quitter son poste à l’hôpital suite à une histoire pas très claire de responsabilité médicale. Son père Slimane (Samir Bouajila, toujours aussi épatant et juste), pilier historique et syndical d’une usine chimique lui trouve le poste de responsable santé dans cet établissement. Très rapidement Nour voit des clignotants oranges s’allumer dans sa tête. Les contrôles médicaux pour ce type d’entreprise ne sont pas suffisants ou, pire, non faits, des dossiers « accident du travail » semblent s’être volatilisés, l’ancien responsable santé est aux abonnés absents… Jusqu’à cette conférence donnée par le patron de l’usine au cours de laquelle il est violemment interpellé par une journaliste d’investigation. De l’orange, les clignotants passent au rouge. Nour rencontre en cachette la journaliste qui lui révèle que l’usine dans laquelle elle travaille est en train de tuer littéralement non seulement tout l’écosystème de la région mais est également responsable de décès habilement dissimulés. Forte de sa conscience professionnelle, Nour interroge frontalement son père. C’est le début d’un combat dans lequel compromissions politiques au plus niveau et problèmes sociaux liés à l’emploi dominent les débats et laissent peu de place à la négociation.
Cette œuvre fictionnelle qui s’appuie sur un vrai scandale d’état déplace habilement le combat pour le devenir de notre planète vers une lutte plus intime entre un père et une fille sans trop nous laisser d’espoir quant à un règlement raisonné. Dans la lignée de Dark Waters, le film de Todd Haynes sorti en 2020, Rouge est un véritable brûlot !