Pour ce concert étudiant du jeudi 20 février, nous nous retrouvons avec plus de mille personnes « étudiantes » à la Halle aux Grains venues assister au concert offert par la Métropole de Toulouse. On sent les vacances scolaires, ce type de concert étant habituellement plus populaire. Ajoutons que c’est le même programme que le concert du jour suivant, le concerto pour violon de Britten en moins.
20h, les cordes rentrent. On note d’emblée la disposition différente de l’orchestre : les alti se retrouve entre les violons 1 et violoncelles, et les violon 2 se retrouvent donc à la droite du chef. On remarque aussi des têtes différentes chez les musiciens ce soir.
Quelques minutes après, M. Groleau accompagné du chef Maxim Emelyanychev entrent sur scène. Comme à l’habitude, ces concerts sont ponctués par une présentation des œuvres jouées. Le chef trépigne d’impatience pendant la présentation qu’il semble ne pas comprendre, même s’il prendra le micro pour expliquer en anglais le choix de son programme. Nous pouvons le résumer simplement à vouloir faire côtoyer musique moderne et répertoire traditionnel.
On commence par The Chairman Dances du compositeur américain (et vivant) John Adams. Même s’il refuse à se catégoriser dans un mouvement, nous rapprocherons naturellement cette pièce au minimalisme avec un même motif répété inlassablement. La finesse se trouvera donc surtout sur le travail d’orchestration ainsi que la progression en crescendo qui parcourra toute l’œuvre. On peut d’ailleurs résumer l’œuvre à cela : long crescendo -> rupture brutale -> long crescendo -> rupture brutale -> etc. C’est dans ce genre de pièce où la qualité de l’interprétation évite l’ennui à l’écoute de la pièce, et malgré un motif mélodique parfois agaçant, le chef arrive à briser la monotonie par la maîtrise des effets et cette longue escalade vers la rupture. On regrette la difficulté d’entendre le piano qui se retrouve à côté de la batterie, surtout durant les passages fortissimo. On comprend cette disposition sur les dernières mesures de l’œuvre qui se finit avec un duo batterie / piano, et un effet aux percussions imitant le souffle du gramophone. Anecdote amusante, le joueur de triangle et le batteur ne font qu’un, avec un triangle à la place de la ride.
On change la disposition de l’orchestre, et pendant ce temps, on nous présente la seconde œuvre de la soirée : la 6ème symphonie de Beethoven titrée « Pastorale » op. 68. Les quatre contrebasses sont réparties en deux groupes de deux, à cour et à jardin. On amène des timbales « baroques » devant les percussions modernes à jardin. Les cors se retrouvent à cour derrière les violoncelles. On voit donc une réelle volonté du chef d’utiliser la spatialisation pour cette œuvre.
La partition sera merveilleusement exécutée avec une fougue particulièrement appréciée par le public qui ne manquera pas de le signaler en applaudissant après chaque mouvement. Seul contrecoup, des alternances fortissimo / pianissimo parfois peu respectés, par exemple p. 70*. Le couple alti et violoncelles qui ouvrent le deuxième mouvement offre une qualité de son remarquable : suave et chaleureuse. Les bois montrent une maitrise impeccable, surtout lors du fameux passage des oiseaux à la fin du second mouvement qui sera du plus bel effet. La Halle aux Grains tremblera sous le tonnerre durant le fortissimo du troisième mouvement, et sans s’en rendre compte, on touchera à la fin de l’œuvre avec les mouvements 3, 4 et 5 filés. Une œuvre qui fera parfaitement écho à l’arrivée précoce du printemps à Toulouse.
On déplore le manque de bis, alors que le public aurait été ravi d’entendre à nouveau un mouvement de la Pastorale.
L’initiative de ces concerts est à saluer, permettant de faire entrer un public différent dans l’enceinte de la Halle aux Grains.
* Partition utilisée pour l’op. 68 de Beethoven : Eulenburg’s Keline Orchester-Partitur-Ausgrabe E. E. 3607