Bastien a vingt ans et milite depuis cinq ans au sein du parti qui s’appelle aujourd’hui le Rassemblement National. Quand débute la dernière campagne présidentielle, il est plus que jamais investi et son supérieur l’invite à s’engager encore davantage en lui ouvrant les portes vers les plus hautes sphères du parti…
Plongée en apnée dans les coulisses du FN et le quotidien d’un jeune militant, Bastien, un mois avant l’élection d’Emmanuel Macron.
A mi chemin entre le documentaire et la fiction, le film déploie un dispositif bien rôdé qui fait la part belle à une voix-off littéraire au passé simple. On est entre le visionnage et la lecture. On est entre le témoignage direct et la construction d’une fiction romanesque.
Mais qui est Bastien ? Celui qui dit ? Celui que les scénaristes racontent ? « La Cravate » est un documentaire politique militant assez étonnant car sans jugement sur le propos du protagoniste.
C’est l’itinéraire d’un enrôlement dans les règles de l’art, un abus de faiblesse ou comment les figures politiques tutélaires médiatiques peuvent tirer partis des échecs et des désillusions d’un jeune homme en mal d’appartenance.
Si vous avez vu La sociologue et l’ourson des deux réalisateurs en 2016, vous ne serez pas surpris par la singularité de ce film là non plus. Dans le premier, le mariage pour tous et ses détracteurs étaient disséqués via des séquences animées avec des ours en peluche, c’était assez troublant !
Théry et Chailloux s’attaquent ici à un sujet tout autre en invitant le protagoniste à relire, affirmer, infirmer le déroulé de son histoire personnelle en alternant la démarche d’interrogatoire, confiance/ distance, entre proximité/éloignement. C’est bien fait, c’est éclairant, c’est intelligent. En regardant ce film, je songeais au traitement de ce type de sujet, à ce roman de Nicolas Rey, Les enfants qui mentent n’iront pas au Paradis qui évoque l’amour passionnel d’un auteur de gauche pour une sympathisante FN et je me disais que c’était un film à faire. Un film sur la quête. Un film sur l’échec. Un film sur l’abandon…