Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Sherlock Jr de Buster Keaton
Un projectionniste de cinéma, amoureux de la fille de son patron, se présente chez elle pour lui offrir une boîte et une bague, mais un autre prétendant, déjà sur place, en profite pour voler la montrer du père. Également détective, le projectionniste mène l’enquête, mais se retrouve accusé à tort du larcin. De retour dans sa cabine de projection, il s’endort, rêve et son « double » traverse l’écran pour évoluer dans un monde imaginaire où il va être confronté à une affaire évoquant celle qu’il a vécue dans la réalité…

On n’avait pas donc pas attendu La Rose pourpre du Caire de Woody Allen en 1985 ou Last Action Hero de John McTiernan en 1993 pour mettre en scène des personnages traversant un écran de cinéma afin de vivre dans un monde de pure fiction. Ainsi, en 1924, Buster Keaton réalisait et interprétait Sherlock Jr, l’une des plus grandes réussites de l’artiste avec Steamboat Bill Jr ou Fiancées en folie.
Déclaration d’amour au cinéma
A son habitude, Keaton campe un personnage à la fois timide, maladroit, naïf, audacieux, rusé, aventurier. De ce mélange des contraires naissent des scènes burlesques portées autant par la dynamique et l’invention de la mise en scène que par la dimension physique du jeu de Keaton. A une époque où les effets spéciaux et la technique ne permettaient pas les exploits numériques de nos super-héros contemporains, il effectuait les cascades lui-même et jouait de son corps comme d’un instrument, à l’image de l’extraordinaire échappée sur le guidon d’une moto – sorte de chef-d’œuvre dans le chef-d’œuvre.

Mais Buster Keaton n’était pas qu’un corps élastique en action, son regard – une fois encore – compte beaucoup et interprète toute une palette d’émotions au-delà de l’impassibilité qui était aussi sa marque. Le pouvoir du rêve et de l’imagination, le pas de côté poétique, le refus de se plier au réel : on comprend pourquoi les surréalistes aimaient tant le cinéma de Keaton. Au final, Sherlock Jr, déclaration d’amour au cinéma, nous souffle que l’on apprend à vivre en regardant des films. Il faut retenir la leçon.
LES FILMS QU’IL FAUT AVOIR VUS









































































































































































































