Tron : Ares, un film de Joachim Rønning
La franchise Tron est apparue sur grand écran en 1982 sous la caméra de Steven Lisberger. Une suite lui a été donnée par Joseph Kosinski en 2010 : Tron : L’Héritage. Il aura donc fallu attendre quinze ans et le réalisateur norvégien Joachim Rønning avant que cet univers intra-numérique refasse son apparition sous forme d’un reboot dont l’héroïne n’est autre que l’Intelligence Artificielle. Un choc en IMAX 3D !

Jared Leto (Arès) – Crédit : Disney Enterprises
Arès, dieu de la guerre chez les Grecs anciens, est ici un programme informatique à figure humaine. Il a été créé par une entreprise high tech afin de rencontrer, dans la vie réelle, des humains ayant en main un code particulièrement précieux. Arès est bien sûr un guerrier aux pouvoirs très étendus, aidé en cela par une autre créature numérique, Athéna, déesse de la guerre, entre autres attributions, toujours dans l’Antiquité grecque. Mais voilà, autant Athéna se révèle guerrière version « bourrin », autant Arès va, au contact de notre civilisation, développer des sentiments, des réflexions, des jugements de valeur, hésitant par exemple entre Mozart et Dépêche Mode (dans le texte !). Il voudra rencontrer son créateur, nous rappelant ainsi l’insubmersible et génial Blade runner de Ridley Scott, modèle parmi les modèles du film de SF. Tout cela est, vous l’avez deviné j’imagine, le simple prétexte à une imagerie 3D à couper le souffle. Alors, même si le scénario et surtout la séquence post-générique, nous annoncent une suite, ce film est avant tout destiné aux fans de la franchise. Visuellement somptueux, techniquement ébouriffant, il creuse cependant et mine de rien les dangers de l’IA générative, celle qui est aujourd’hui à la portée de tous, celle à laquelle il est fait une confiance aveugle pour le moins téméraire, celle qui un jour, si ce n’est déjà le cas, nous dictera notre avenir. C’est aussi au travers de ce filtre qu’il convient d’apprécier ce film. Jared Leto est l’Arès ambigu que l’on imagine, tout à la fois aveuglement déterminé comme doit l’être un programme informatique, mais aussi, et c’est le twist du personnage, ombrageusement réflexif.

