En s’inspirant de l’affaire Bettencourt, Thierry Klifa opte pour un ton de comédie noire, dans laquelle un photographe mondain tire sur tout ce qui bouge, redonnant sa fraîcheur perdue à une milliardaire glaciale. Isabelle Huppert et Laurent Lafitte jouent à merveille une partition faite de provocation et d’amour vrai.

Isabelle Huppert, une milliardaire en pleine cure de jeunesse grâce à un photographe tout fou. Photo Manuel Moutier
Le pré-générique de « La femme la plus riche du monde » a beau indiquer qu’il s’agit d’un film « librement inspiré de faits réels », le scénario est très proche de l’affaire Ingrid Bettencourt. Il y a la milliardaire, dirigeant d’une main de fer une multinationale de la beauté. Et le photographe homosexuel qui, après l’avoir portraiturée pour un magazine chic, rentre dans sa vie par effraction, bousculant son confort bourgeois, ses idées reçues, sa prudence de femme d’affaires implacable. Elle fonctionnait comme une machine de guerre, elle va retrouver une fantaisie adolescente, une fraîcheur de gamine qui peut à nouveau rire et faire des bêtises…
Un festival d’acteurs en pleine forme
Isabelle Huppert prête ses traits à la milliardaire, dont elle incarne à merveille la grande vivacité d’esprit, la force de caractère et aussi cette sensibilité artistique qui ne demande qu’à être revivifiée. En lieu et place de François-Marie Banier, Laurent Lafitte s’amuse comme un petit fou en folle décomplexée écrabouillant toutes les conventions sur son passage…avant de comprendre tout le bénéfice qu’il peut retirer de son amitié en or massif. Il eût mérité un prix d’interprétation au Festival de Cannes si le film avait été présenté en Compétition. Le reste de la distribution cultive la même excellence : André Marcon est un mari compréhensif avec le trublion et tourmenté par les passions homosexuelles qui semblent l’attirer ; Marina Foïs une fille coincée qui se consume de ne point être aimée par sa mère ; Raphaël Personnaz un majordome qui voit tout, ne dit rien et n’en pense pas moins. Coécrit par Jacques Fieschi et Cédric Anger, deux solides scénaristes, « La femme la plus riche du monde » est à la fois une comédie cinglante sur les ultrariches, une réflexion sur l’argent et la séduction et une belle histoire d’amour tellement invraisemblable qu’elle a vraiment eu lieu.
« La femme la plus riche du monde », de Thierry Klifa, au cinéma mercredi 29 octobre.

