Belle actualité automnale pour Jean Dieuzaide. Le photographe toulousain, décédé en 2003, est exposé avec son fils Michel, au musée de Saint-Gaudens, sur le thème de l’Espagne, et à l’abbaye de Flaran, dans le Gers, avec une série moins connue réalisée en 1955 en Turquie. Paris fêtera aussi dignement l’artiste avec une vente aux enchères de tirages jeudi 23 octobre et de livres dédicacés mardi 28 octobre. Une occasion très rare de se procurer des images iconiques d’un des grands maîtres français de la photographie et de ses nombreux amis : Jeanloup Sieff, Willy Ronis, Edouard Boubat, Denis Brihat, etc.

Merveilleuse « Petite fille au lapin ». Photo Jean Dieuzaide
Françoise et Michel Dieuzaide ont dû s’y résoudre et cela a été un crève-cœur. En septembre, ils ont signé la vente de la maison et de l’atelier de leurs parents, Jacqueline et Jean, situés côte-à-côte, rue Erasme, quartier Sauzelong, à Toulouse. Deux habitations les remplaceront, bénéficiant d’un joli jardin. Michel Dieuzaide aurait bien aimé conserver l’atelier, ses agrandisseurs et ses éclairages historiques, ses coins et ses recoins magiques, afin d’en faire un lieu de visite pour tous les amateurs de photographie. Malheureusement, la Mairie de Toulouse n’a pas voulu suivre financièrement, rendant impossible un tel projet. Un manque d’intérêt guère surprenant quand on sait que le « musée » consacré à Jean Dieuzaide, évoqué maintes fois, est toujours dans les limbes.

« La porteuse d’eau », à Grenade, Espagne, en 1951. Photo Jean Dieuzaide
Alors que Françoise et Michel ont cédé « la plus grande partie » du fonds de leur père à la Ville de Toulouse (qui le stocke aux Archives municipales), il restait les collections privées de Jacqueline – grande conservatrice devant l’éternel – et Jean Dieuzaide, qu’il a fallu inventorier. Le fruit de ce travail éreintant débouche sur une vente aux enchères organisée par la maison Ader, à Paris, le 23 octobre.
Grands classiques des années 1950
Le beau catalogue édité pour l’occasion donne un formidable aperçu de l’énorme diversité du travail de Jean Dieuzaide, de la Libération de Toulouse aux années 1980. Il y a bien sûr les icônes du photographe : « La gitane de Sacromonte » (1951), « Dali dans l’eau » (1953), « La petite fille au lapin » (1954) ou « Mon aventure avec le brai » (1956) mais aussi des œuvres moins célèbres, qui mettent l’homme au cœur de tout ou qui osent des expérimentations abstraites. Dans tous les cas, la qualité des tirages est garantie, tant Jean Dieuzaide était un maniaque de la perfection, faisant faire et refaire le travail jusqu’à la meilleure expression du noir et blanc et de ses subtils contrastes. Les estimations vont de 400 à 4000 euros, selon la rareté des tirages (et le fait qu’ils soient signés ou pas) et leur notoriété. Si des œuvres de Jean Dieuzaide ont été proposées, ici et là, aux enchères, c’est la première fois qu’une vente lui est largement consacrée avec 157 lots.

Résidu de la houille, le brai a très fortement inspiré Jean Dieuzaide.
Nus élégants et sublimes paysages
L’événement se double d’un passionnant retour sur le monde de l’artiste toulousain qui possédait aussi, à titre personnel, de nombreux tirages de ses amis photographes. 70 images supplémentaires seront ainsi vendues, signées Jeanloup Sieff (nus élégants, désert inquiétant), Willy Ronis (le fameux « Nu provençal »), Denis Brihat (sublimes natures mortes), Josef Koudelka (et ses célèbres gitans), Edouard Boubat (merveilleuse maman et son enfant à Madras), etc. A noter que le tirage le plus cher de la vente est signé Ansel Adams, géant américain de la photographie de paysages. Son image d’arbres fins et gracieux saisis dans la nuit en 1958 est estimée entre 20000 et 30000 euros.
Pour les bourses moins pleines, une vente de livres dédicacés à Jean Dieuzaide est organisée par Ader, uniquement sur Internet, le 28 octobre. Là aussi, le générique est fabuleux avec des ouvrages de Clergue, Cartier-Bresson, Boubat, Doisneau, Weiss, Adams, parmi tant d’autres. Comme une belle réunion de famille, par-delà le temps qui passe et la mort qui sépare tous ceux qui s’aiment…
Vente aux enchères Jean Dieuzaide, jeudi 23 octobre à 14 heures, salle Favart, à l’hôtel Drouot, Paris. Catalogue visible sur ader-paris.fr. Possibilité d’enchérir au téléphone ou sur drouotlive.com et interencheres.com.