CRITIQUE. Théâtre. TOULOUSE. ThéâtredelaCité, le 4 octobre 2025. William Shakespeare : Roméo et Juliette. Mise en scène Guillaume Séverac-Schmitz.
Quelle belle pièce de Shakespeare que ce Roméo et Juliette !
Vraiment seuls les grincheux peuvent ne pas trouver cette interprétation géniale. Certes Guillaume Séverac-Schmitz prend des liberté mais n’est-ce pas justement LA TRAGEDIE DE LA LIBERTE jusqu’au-boutiste ? Tragédie de la jeunesse contre les vieilles haines. Amour interdit vécu comme liberté de l’être. Ainsi le texte est traduit et même adapté par Clément Camar-Mercier. Les coupures sont minimes et permettent de réduire le nombre de personnages et donc d’avoir une action resserrée. Le texte est comme aiguisé, amplifié. Une jeune femme joue Roméo. Marine Gramont a la jeunesse, la fougue, l’impatience et la mélancolie interne du rôle. Elle campe un Roméo très attachant.
La Juliette de Clémence Coulon est ravissante et vive. Tragique et insouciante. C’est une Juliette inoubliable.
C’est peut-être le rôle de Frère Laurent qui gagne le plus d’importance par une humanité touchante. Philippe Smith incarne toute la belle humanité du personnage. Le jeux avec Roméo semble d’un naturel remarquable. Le ton est juste entre un adolescent complexe et son mentor. Surtout en raison de la distance humoristique donnée au paroles du prêtre.
Lady Capulet et Lady Montaigu sont deux rôles joués par Olivia Corsini. L’angoisse et l’impuissance de la mère de Roméo nous touche et la violence et la brutalité de la mère de Juliette nous terrorise.
Olivier Sangwa joue à la fois Tybald et le Comte Paris. Tant la force de l’un comme la vanité de l’autre nous rend l’acteur méconnaissable, en un beau tour de force artistique. C’est également un danseur hors pair face à Mercutio. C’est en effet un duel très brutal entre Mercutio et Tybald qui ouvre la pièce. Ce pas de deux de haine et également empreint de gestes d’amour crée d’emblée un sentiment de grandeur et d’ambivalence intéressant. Car c’est bien l’amour de la haine et la haine de l’amour qui se jouent devant nous tout du long et dont les amoureux sont les victimes consentantes.
Guillaume Morel est un Mercutio flamboyant, peut-être un peu trop séduisant. C’est lui également qui brise le mur avec le public en interpellant à plusieurs reprises la salle.
Bien des arts sont utilisés par Guillaume Séverac-Schmitz pour enrichir l’émotion. Ainsi le violoncelle sur scène de Lydia Shelley improvise avec élégance sur le texte on entre les tirades. C’est très beau, très pur et très émouvant. La jeune femme a également toute l’autorité du Prince de Vérone en disant un texte resserré . Il reste la création la plus réjouissante de la tragédie et cela fonctionne à merveille. La Nourrice de Juliette est en fait d’avantage une servante à la Molière avec une jeunesse et une verve incroyable. Mathilde Auneveux est inénarrable.
Le chant de Juliette est également un beau moment ainsi que les madrigaux chantés par plusieurs. La cabalette d’un opéra italien par Luciano Pavarotti dit bien toute l’énergie et la jubilation de Roméo amoureux. Les projections et les films projetés en direct sont efficaces sans ostentation. L’image finale est très belle. Films, images, danses, musiques, jeu théâtral se répondent pour augmenter la dimension tragique. Nous avons donc de bien beaux personnages shakespeariens. La direction d’acteur est exigeante et précise. Tout est pensé, pesé. Les décors simples sont très efficaces, les lumières pleines de vie, les costumes agréables. Cette tragédie ainsi rendue à la vie avance inexorablement vers sa fin douloureuse avec panache. Le pari de Guillaume Séverac-Schmitz de monter cette pièce pour la jeunesse me semble réussi. Pour la jeunesse par l’âge certes, celle des cœurs aussi, qui magnifient la modernité de la pièce de Shakespeare. Cette ouverture de saison rencontre en tout cas un énorme succès avec un public mêlé ou les jeunes sont nombreux.
CRITIQUE. Théâtre. TOULOUSE. ThéâtredelaCité, le 4 octobre 2025. William Shakespeare : Roméo et Juliette. Mise en scène Guillaume Séverac-Schmitz. Nouvelle traduction et adaptation : Clément Camar-Mercier ; Mise en scène et conception : Guillaume Séverac-Schmitz / [Eudaimonia] ;Spectacle accompagné par le ThéâtredelaCité ; Avec : Mathilde Auneveux : la nourrice, Olivia Corsini : Lady Montaigu et Lady Capulet, Clémence Coullon : Juliette, Marine Gramond : Roméo, Guillaume Morel : Mercutio, Olivier Sangwa Tybalt et Paris, Lydia Shelley :le Prince de Vérone,et Philippe Smith Frère Laurent ; Violoncelliste : Lydia Shelley ; Scénographie : Emmanuel Clolus ; Chorégraphie : Juliette Roudet ; Création lumière : Michel Le Borgne : Création et régie son : Géraldine Belin ; Régie son : Jonathan Mathieu ; Création vidéo : Stéphane Pougnand ; Régie vidéo : Éric Andrieu et Manuel Rufié ; Création costumes : Emmanuelle Thomas ; Régie habillage : Laurette Richer ;Régie générale et lumières : Léo Grosperrin ; Régie lumière et poursuite : Didier Barreau, Bastien Clarenc et Philippe Ferreira ; Régie plateau et accessoires : Yann Ledebt et Sébastien Mignard
Régie plateau
Simon Clément, Jean-Jacques Duquesnoy, Laurent Fourmy, Gilles Montaudié et Flavien Renaudon ; Réalisation du décor dans les : Ateliers de construction du ThéâtredelaCité sous la direction deMichaël Labat ; Réalisation des costumes dans les ; Ateliers du ThéâtredelaCité sous la direction de Nathalie Trouvé ; Création le 2 octobre 2025 au ThéâtredelaCité.
Photos : Chistophe Raynaud Delage