Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Les Amants de la nuit de Nicholas Ray
Trois gangsters venant de s’échapper de prison trouvent refuge chez le frère de l’un d’eux. Le plus jeune des malfrats, Bowie, tombe sous le charme de Keechie, la fille de l’homme qui les abrite. Un nouveau braquage permet au jeune couple de s’enfuir et d’envisager un avenir commun, mais le chef du gang les retrouve et contraint Bowie à un nouveau coup…
Réalisé en 1947, mais sorti uniquement en 1949, Les Amants de la nuit, premier film du futur réalisateur de Johnny Guitare et de La Fureur de vivre, posa d’emblée les jalons de l’univers d’un cinéaste profondément lyrique, romantique et tragique. En outre, si Nicholas Ray ne signa pas avec son coup d’essai le premier film sur un couple en cavale (on pense par exemple à J’ai le droit de vivre de Fritz Lang tourné dix ans plus tôt), il livra une œuvre marquante d’un genre promis à la postérité : de Gun Crazy de Joseph H. Lewis à True Romance de Tony Scott en passant par Bonnie & Clyde d’Arthur Penn ou La Balade sauvage de Terrence Malick.
Couple culte
D’emblée, Les Amants de la nuit frappe par son superbe noir et blanc ainsi que par l’élégance de la mise en scène, le sens du cadrage, la façon dont la caméra de Nicholas Ray scrute les visages pour fixer la vérité des êtres. Evidemment, si le film est devenu inoubliable, c’est d’abord grâce au tandem formé par Cathy O’Donnell et Farley Granger. L’allure de femme-enfant de la première et l’androgynie du second se marient à merveille en incarnant au plus près les motifs profonds de ce film noir : le paradis et l’innocence perdues, la jeunesse. Sans surprise, la tentative de fuite du couple se heurtera à la fatalité, à l’argent et à la violence qu’il suscite, à la trahison.
On retrouvera Cathy O’Donnell et Farley Granger dans La Rue de la mort d’Anthony Mann en 1949 tandis que lui sera dirigé par Hitchcock (La Corde, L’Inconnu du Nord-Express) et Visconti (Senso). Cependant, pour les cinéphiles, ils resteront à jamais les interprètes des Amants de la nuit dont Robert Altman réalisera en 1974 un remake dispensable intitulé Nous sommes tous des voleurs.
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