La galerie Ombres Blanches, à Toulouse, les avaient réunis en 2023. Jean et Michel Dieuzaide font à nouveau l’objet d’une exposition commune sur le thème de l’Espagne, jusqu’à la fin de l’année, au musée de Saint-Gaudens.
Photographe comme son père, Michel Dieuzaide avait longtemps refusé l’idée d’une exposition commune. Il préférait se consacrer à ses propres projets, particulièrement dans le documentaire, se passionnant pour les peintres. Depuis la mort de Jean Dieuzaide, en 2003, à 82 ans, il a néanmoins participé activement à la pérennité d’une œuvre en mal de reconnaissance. C’est ainsi que sont nées nombre d’expositions, à Toulouse, en Occitanie et en Espagne, où la notoriété du maître toulousain est finalement restée plus importante.

« La gitane du Sacromonte », 1951. Photo Jean Dieuzaide
En 2023, Michel Dieuzaide change d’optique, sous la pression amicale de Christian Thorel, le patron de la librairie Ombres Blanches, à Toulouse. Une exposition, aujourd’hui reprise et développée au musée de Saint-Gaudens, est montée, sur le thème de l’Espagne, passion partagée par le père et le fils. Jean Dieuzaide a notamment effectué un long voyage outre Pyrénées, en 1951, quelques mois avant la naissance de Michel, découvrant un pays encore très rural, sous le joug de Franco. L’approche du photographe n’est pas politique : il se focalise sur les gens dans une approche humaniste qui exalte les gestes du quotidien. Il croise une porteuse d’eau rigolarde, un gamin vendant des paniers d’osier sur un marché et, bien sûr, la gitane donnant le sein qui deviendra iconique. Et reste fasciné par les travaux des champs, dans des paysages écrasés de soleil. Ce reportage donnera lieu à deux ouvrages d’une grande beauté : « Espagne du Sud », avec des textes de Jean Sermet, chez Arthaud, en 1953 ; et « Voyages en Ibérie », aux éditions Contrejour, en 1983. Son Espagne prendra aussi un visage mythique, en 1953, avec la série de portraits de Dali dans l’eau, à Cadaquès.

Grenade, 1951. Photo Jean Dieuzaide
Approchée dès l’enfance grâce aux amis de son père, dont l’artiste peintre Carlos Pradal, l’Espagne de Michel Dieuzaide se concrétisera lors de nombreux séjours consacrés à la découverte de la tauromachie et du flamenco, donnant lieu à plusieurs livres et expositions. Le photographe en tirera aussi beaucoup d’images fuyant le réalisme et le pittoresque pour s’approcher du rêve et de l’étrange. Ce qui donnera des jeux d’ombres sur les murs blancs, des formes savamment construites, des visions à décrypter.

« Hombre flamenco », 1986. Photo Michel Dieuzaide
Les œuvres de Jean et Michel Dieuzaide sont à la fois complémentaires et très différentes, comme autant de « signes de l’Espagne éternelle » (dixit le fils), de voyages à revivre pleinement.
Exposition « L’Espagne des Dieuzaide, Michel et Jean », jusqu’au 31 décembre 2025 au musée Arts & Figures de Saint-Gaudens (35, boulevard Jean-Bepmale). Ouvert du mercredi au dimanche, de 10h à 13 h et de 14h à 18h. Gratuit. Tél. 05 61 89 05 42. Catalogue « Nos Espagne (s) » édité par Cairn (168 pages, 28,45 euros).

« Affiche toros déchirée ». Photo Michel Dieuzaide