
Elton John dans les années 1970. Photo Universal Music
1977 est une année particulière pour Elton John. Révélé au public au tout début de la décennie, le chanteur anglais est devenu une superstar mondiale avec des albums comme « Madman across the water », « Goodbye yellow brick road » ou « Captain Fantastic and the brown dirt cowboys » et des tubes absolus comme « Benny and the Jets », « Saturday night’s alright for fighting », “Rocket man”, « Candle in the wind », “ Someone saved my life tonigh », etc.
Malgré le triomphe de son titre phare, “Sorry seems to be the hardest word », le double album “Blue Moves”, sorti en octobre 1976, déçoit sur le plan commercial. Elton John se pose des questions et se replie sur lui-même, gérant avec difficultés ses addictions. C’est dans ce contexte qu’il accepte de sortir de son antre pour une poignée de concerts intimistes au Rainbow Theatre, à Londres, seulement accompagné, sur une partie des chansons, par le percussionniste Ray Cooper. La BBC effectue un enregistrement, diffusé le 11 juin 1977. Enregistrement qu’on découvre enfin aujourd’hui en version vinyle. Elton John y chante pour la première fois, en public, « Roy Rogers », « Cage the songbird », « Idol » et « I feel like a bullet (in the gun of Robert Ford)”. S’y ajoutent de grands succès: “Border song”, “Better off dead », « Sweet painted lady » ou “Tonight”. Aussi déprimé soit-il, l’artiste apparaît en pleine possession de ses moyens. Sa voix est impeccable, sa maestria pianistique intacte. Ses mélodies, portées par son seul instrument (et la complicité attentive de Ray Cooper) trimbalent des trésors d’émotion et une énergie incomparable. Comme un bras d’honneur à tous ceux qui voulaient l’enterrer. Et, on le sait aujourd’hui, un chant du cygne, la miraculeuse décennie se concluant par deux albums médiocres : « Single man » et « Victim of love ».
Cette grâce du début des années soixante-dix, Elton John tentera de la retrouver, en 2009, avec une nouvelle tournée intimiste aux côtés de Ray Cooper. La proposition séduira moyennement les fans, qui ne seront que 5000 au Zénith de Toulouse, le 30 septembre. Il est vrai qu’avec 28 titres en version acoustique, dont certains sans grand intérêt, l’ennui pourra parfois pointer. Mais quel intense bonheur de réécouter, encore et encore, « Tiny dancer », « Your song », « Daniel », « Don’t let the sun go down on me », « Honky cat » et tant d’autres, dont un finale éblouissant sur « Saturday night’s alright for fighting ». A noter une curiosité : chacun des concerts de cette tournée a donné lieu à un enregistrement intégral, à commander sur internet afin de recevoir quelques jours plus tard un triple CD. L’objet est devenu un collector prisé par les fans.
Album vinyle « Live from the Rainbow Theatre » d’Elton John (Rocket/Mercury/Universal).