Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Annie Hall de Woody Allen
Sorti en 1977, le septième long-métrage de l’acteur et réalisateur américain marque un tournant dans sa carrière. S’il dirige dans Annie Hall une nouvelle fois sa muse et compagne Diane Keaton, Allen pose ici les fondements de son univers aussi bien formellement que thématiquement. A travers le personnage d’Alvy Singer, humoriste new-yorkais de one-man-show et de télévision, il crée son premier véritable double fictionnel confronté à ses doutes et ses angoisses. La mort, l’amour, la judéité, la psychanalyse, la famille, l’art, New York : voici le canevas qui va irriguer cette comédie teintée de fantaisie et de nostalgie. La scène d’ouverture nous montre Singer s’adressant au spectateur face caméra. Après deux mariages achevés en divorces, il va raconter l’histoire d’amour vécue entre lui, issu d’une famille populaire juive de Brooklyn, et Annie Hall, venue d’un milieu bourgeois et WASP.

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Voix off, split-screen, flashbacks : Woody Allen utilise tous les modes narratifs. Le théoricien de la communication, Marshall McLuhan, surgit à un moment pour trancher le différend opposant Singer à un inconnu dans une file d’attente de cinéma. Devant la caméra d’Allen, tout semble possible. Les influences de Fellini et de Bergman sont affichées. Freud et Marx (Groucho) ne sont pas loin.
Naissance d’un cinéaste
Annie Hall marque aussi le début d’une longue collaboration avec le chef-opérateur Gordon Willis qui fut celui du Parrain de Coppola. De même, Allen soigne son casting avec une attention qu’il ne cessera de développer les années et les décennies suivantes. Aux côtés de Diane Keaton omniprésente, on repère Tony Roberts, Christopher Walken, Paul Simon ou Shelley Duvall. Des apparitions de Jeff Goldblum et de Sigourney Weaver sont à mentionner. Coécrit avec Marshall Brickman (Allen signera ensuite ses scénarios en solo), le film récolte en 1978 les Oscars du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario et de la meilleure actrice pour Diane Keaton.
Moins réussi visuellement que Manhattan, moins audacieux que Stardust Memories, moins profond que Crimes et délits ou Match Point, Annie Hall n’en demeure pas moins l’acte de naissance de Allen cinéaste et un film-culte jusque dans les tenues de Diane Keaton devenues iconiques.
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