Eddington un film d’Ari Aster
Le quatrième long métrage du cinéaste américain Ari Aster est le véritable scanner d’un pays, les USA, en proie à un manque de repères flagrant, voie royale pour les excès de toutes sortes. Et en l’occurrence, cette pellicule ne fait aucune économie…

Joaquin Phoenix (Joe Cross) et Pedro Pascal (Ted Garcia) – Crédit : A24 Film
En 2020, dans une petite bourgade sous Covid du Nouveau Mexique, une élection va mettre le feu aux poudres. Il s’agit d’élire, ou de réélire, le maire. Aujourd’hui, le poste est tenu par Ted Garcia, progressiste-né, qui est prêt, contre vents et marées, et contre toute éthique, à livrer sa commune au business le plus trépidant. Sauf que, cette fois, face à lui ne se dresse rien moins que le shérif Joe Cross, beaucoup plus conservateur et surtout artisan de paix. La paix en question est mal en point car s’affrontent ici depuis longtemps les Hispaniques, les Mexicains, les Amérindiens et les Blancs. En pleine campagne électorale survient le drame (réel) qui coûte la vie à George Floyd, suivi du mouvement Black Lives Matter. L’embrasement de cette petite ville va être aussi soudain que meurtrier. N’arrivant pas à faire respecter la loi, le brave Joe va se transformer en redresseur de tort… à l’ancienne, téléphone portable d’une main et révolver de l’autre. Au travers de ce conflit désormais armé, et sans prendre spécialement le parti de l’un ou de l’autre camp, Ari Aster nous dresse le portrait sans fard de cette Amérique qui, avouons-le, nous fait un peu peur aujourd’hui. Entre conspirationnistes, influenceurs, activistes et autres gourous, sans oublier un clodo bouillonnant de colère, la galerie est monstrueusement agressive et totalement déjantée. Tout cela finira dans un bain de sang, dans la plus pure tradition du western.
Si le début est un peu bavard, il faut reconnaitre que la suite tient du délire. Porté par un Joaquin Phoenix (Joe Cross) dans l’un de ses plus grands rôles à ce jour, le film réunit des comédiens particulièrement concernés : Pedro Pascal (Ted Garcia), Emma Stone, Louise, la femme de Joe Cross, se laissant embobiner par Venon, un gourou charismatique, interprété par Austin Butler.
Un film aussi brillant que… désespérant quant à l’état de la plus grande puissance du monde.
Interdit aux moins de 12 ans.