Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Dracula de Tod Browning
Si le mythe des vampires a offert une source d’inspiration particulièrement féconde pour le cinéma, le roman Dracula de Bram Stoker, publié en 1897 a lui-même suscité nombre d’adaptations parmi lesquelles la série de films produits par la Hammer (avec Christopher Lee dans le rôle-titre) à partir des années 1950, la version de Francis Ford Coppola en 1992, sans oublier le Nosferatu de Murnau (le personnage change de nom pour des raisons de droits) en 1922 et les remakes de Werner Herzog en 1979 et de Robert Eggers en 2024. Mais au commencement, il y eut le Dracula de Tod Browning, sorti en 1931, premier film d’épouvante de l’ère du parlant produit par les studios hollywoodiens. Plus encore que le roman, c’est sa version théâtrale, qui triompha à Broadway, qui est ici adaptée avec son interprète principal, Bela Lugosi, entrant dans la légende grâce au film.
Renfield, un agent immobilier britannique, se rend dans les Carpates afin de sceller une transaction immobilière avec le comte Dracula qui suscite l’effroi chez les habitants de la région. Accueilli dans le château de celui-ci, le jeune homme tombe sous l’emprise du vampire et tous deux repartent pour Londres où des crimes étranges vont semer le trouble.
Bela Lugosi, Dracula à jamais
Dès les premières scènes dans l’antre de Dracula, rien ne manque à la mythologie horrifique gothique : toiles d’araignée, rats, chauve-souris, cercueils, portes qui grincent, hurlements de loups accueillent au sein du château aussi majestueux que délabré l’imprudent visiteur. Evidemment, la musique elle aussi force sur l’épouvante, mais c’est le personnage du comte qui va imprimer à jamais la pellicule. Bela Lugosi livre là le rôle de sa vie et l’une des compositions les plus marquantes de l’histoire du cinéma. Charismatique, élégant, inquiétant, séducteur, ne dédaignant pas l’humour : ce Dracula fixe les archétypes du personnage du vampire à l’écran.
La mise en scène de Tod Browning, futur réalisateur du cultissime Freaks, et la photographie en noir et blanc de Karl Freund magnifient les décors. Certains plans évoquent des tableaux. Nul besoin d’une avalanche d’effets spéciaux pour inspirer ici la peur et l’angoisse tandis qu’un sens esthétique européen se marie parfaitement à l’efficacité hollywoodienne et que le réalisme épouse le fantastique. Si certaines scènes londoniennes laissent transparaître l’origine théâtrale du projet, Dracula a traversé le temps de façon impressionnante.
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