Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
MASH de Robert Altman
Lorsque MASH obtient la Palme d’or à Cannes en 1970, le « Nouvel Hollywood » remporte une spectaculaire consécration après les succès aussi inattendus que mondiaux de Bonnie & Clyde d’Arthur Penn et d’Easy Rider de Dennis Hopper. A ce moment-là, Martin Scorsese et Brian De Palma ont fait leurs débuts. Un an plus tard, George Lucas et Steven Spielberg sortiront leurs premiers films tandis que La Dernière Séance de Peter Bogdanovich et French Connection de William Friedkin rallieront succès public et Oscars. Francis Ford Coppola leur emboîtera le pas en 1972 avec Le Parrain. En attendant, retour donc au film de Robert Altman, alors jeune cinéaste venu de la télévision, comme beaucoup de sa génération (Sidney Lumet, John Frankenheimer, William Friedkin…).
Le film s’ouvre sur un ballet d’hélicoptères transportant des soldats américains grièvement blessés sur la base d’un hôpital de campagne (l’acronyme MASH signifiant « Mobile Army Surgical Hospital »). L’action se déroule durant la guerre de Corée, mais l’on songe évidemment à la guerre du Vietnam alors en cours. Deux nouveaux chirurgiens sont affectés sur la base. Frondeurs, insolents, dragueurs : ils vont bousculer l’ordre du camp en étant rapidement rejoints par un troisième larron tout aussi anticonformiste.
Coup de vieux
MASH incarne à merveille l’esprit de son époque et de ce « Nouvel Hollywood » bousculant les codes, les formes, la morale de l’industrie cinématographique hollywoodienne. La contre-culture a le vent en poupe. Les vieilles idoles sont à déboulonner. La jeunesse a pris le pouvoir. De fait, cette comédie antimilitariste au souffle anarchisant surfe sur l’air du temps en mêlant humour noir, liberté sexuelle et second degré. Hélas, tout cela a pris un terrible coup de vieux. L’esprit potache des personnages évoque plus la caricaturale série TV Papa Schulz ou la série des films mettant en scène notre franchouillarde Septième Compagnie que Docteur Folamour de Kubrick.
L’utilisation du scope, des longues focales et des zooms avant ne font pas longtemps illusion pour masquer la pauvreté de la mise en scène. Le comique de répétition révèle vite ses limites. Tout cela a un côté « cartoon » sans les gags. Parmi les interprètes principaux, Donald Sutherland et Elliot Gould initient leurs brillantes carrières à venir. Tom Skerritt ne suivra pas leur voie. Robert Duvall se distingue dans un second rôle. Quant à la musique de Johnny Mandel, elle demeure un classique. Si MASH (qui donnera naissance à une série télévisée à succès) possède une incontournable valeur historique, on peut préférer dans la riche et passionnante filmographie de Robert Altman des œuvres plus ambitieuses comme Le Privé, Short Cuts ou son testamentaire et très beau The Last Show.
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