Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Elle et lui de Leo McCarey
Réalisateur du meilleur film des Marx Brothers (La Soupe au canard), maître de la « screwball comedy » notamment avec Cette sacrée vérité, Leo McCarey entreprend en 1957 de réaliser un remake de l’un de ses films : Elle et lui (Love Affair en version originale, sorti en 1939) et c’est cette seconde version qui restera dans l’histoire du cinéma comme l’un des sommets de la comédie romantique. Au cours d’une croisière en paquebot à destination de New York, Terry McKay (Deborah Kerr), ancienne chanteuse de cabaret, fait la connaissance du célèbre séducteur Nickie Ferrante (Cary Grant) dont la presse a annoncé le prochain mariage avec une riche héritière.
Terry doit elle aussi se marier prochainement, mais les deux inconnus tombent sous le charme l’un de l’autre avant que leur innocent marivaudage ne débouche sur des sentiments plus profonds. Elle et lui décident alors de repousser leur mariage respectif et de se revoir six mois plus tard afin de vérifier si leur amour résistera au temps. Un rendez-vous est pris au sommet de l’Empire State Building…
Élégance et pudeur
Débutant comme une comédie plutôt traditionnelle, le film de Leo McCarey dévoile peu à peu ses singularités. Une halte du tandem, lors d’une escale du bateau, chez la grand-mère de Nickie à Villefranche-sur-Mer distille ainsi une douceur et une mélancolie inattendues. En dépit de l’humeur badine, du soleil méditerranéen et des promesses de retrouvailles, le petit-fils et la vieille dame savent qu’il s’agit sans doute de leur dernière rencontre. Un moment de recueillement dans la chapelle de la propriété apporte elle aussi une touche de gravité.
De fait, élégance, pudeur et non-dits vont guider cette histoire d’amour et la mise en scène du cinéaste à l’image du premier baiser entre les protagonistes qui reste hors champ. Plus tard, le mélodrame s’invite, regrets et coups du sort sont de la partie, mais rien n’est jamais forcé dans Elle et lui dont les dialogues respirent le naturel. Tourné en scope, coscénarisé par Delmer Daves, le film réussit à marier la légèreté et la méditation sur le temps qui passe tout en revisitant l’éternelle alchimie amoureuse : parce que c’était elle, parce que c’était lui…
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