Le Garonne accueillera les 27 et 28 juin, la toute nouvelle création de la danseuse et chorégraphe Robyn Orlin.
Il faut s’imaginer que la vie émerge de rien. Que des fleurs, des milliers d’espèces, à chaque printemps, sortent d’une terre aride, brûlée par le soleil. La terre du Namaqualand, cette région semi-désertique à la frontière de la Namibie et de l’Afrique du Sud. Ce miracle de vie, ce surgissement de couleurs, est une sorte de paradigme de diversité et de contraste sur lequel la danseuse et chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin s’appuie pour construire sa nouvelle œuvre, How in salts desert is it possible to blossom [Comment peut-on fleurir dans un désert de sel]. De l’opéra, à la réalisation cinématographique, de la mise en scène théâtrale aux performances solos de danseurs, Robyn Orlin, s’aventure dans toutes les sphères, brise les frontières des genres d’expression et n’hésite pas à se servir de son public comme d’une pièce de sa composition.
En 2022, Robyn s’est rendue à Okiep, cette petite ville du Cap Nord en Afrique du Sud pour y rencontrer les membres du Garage Dance Ensemble, une compagnie de danse contemporaine et de formation de danseur.ese. Là-bas, l’extrême pauvreté côtoie la richesse des mines de cuivre de minéraux et de pierres exploitées depuis le 17e siècle par des colons hollandais ségrégationnistes et oppresseurs. Aujourd’hui, le feu de ce berceau d’oppression ne s’est pas totalement éteint et les violences se sont reportées sur la question du genre ou des nouvelles identités. Les autochtones se font appelés Coloured, un terme désignant en Afrique du Sud les populations d’ethnies mélangées. Et « bien que présents dès l’origine en Afrique du Sud, les Coloured people ont connu de nombreuses discriminations. Pas assez blancs à l’époque de l’apartheid et pas assez noirs aujourd’hui. [Robyn Orlin] »
Rien d’étonnant à ce que la concordance des luttes amène Robyn, celle que l’on surnomme dans son pays « l’irritation permanente », à s’associer avec le Garage Dance Ensemble, qui cherche à valoriser le lieu en employant les compétences artistiques et techniques de personnes originaires de la région et à faire émerger une conscience artistique. Cette structure remet en question les pratiques sociales et les systèmes de croyance des communautés sud-africaines par le biais du spectacle et de la formation de proximité.
À cette union entre Robyn et le Garage Dance Ensemble ne pouvait que s’associer le duo uKhoikhoi, des musiciens originaires de la région, dont le nom chante l’héritage des premiers habitants de l’Afrique australe.
La performance installative qui naît de cette collaboration distille une nouvelle coexistence égalitaire en s’articulant autour des questions de pouvoir, de hiérarchies sociales et sexuelles et de privilèges. Elle plante une graine dans la conscience des opprimés. Et la croissance de cette fleur en devenir pourrait bien ressembler à un processus de guérison.
D’une durée de 1h. Au théâtre Garonne.