Chaque semaine, on vous invite à lire une nouveauté, un classique ou un livre à redécouvrir.
Dead Stars de Benjamin Whitmer
1986, dans le Colorado, la petite ville de Plainview vit autour de son usine de traitement de plutonium sous l’égide d’une grande entreprise. Comme presque tout le monde dans la bourgade, Hack Turner travaille à l’usine. Cet ancien cow-boy de rodéo quadragénaire, mais qui semble avoir soixante ans, élève tant bien que mal sa fille, Nat, âgée de dix-sept ans, et son fils Randy, quatorze ans. Leur mère Joy les a abandonnés depuis longtemps. Un soir de septembre, Randy ne rentre pas d’une virée avec des copains au vidéo-club du coin.
Accompagné par son frère Whitey, Hack se lance à la recherche du gamin, mais la famille Turner n’est guère aimée et souffre de la mauvaise réputation du patriarche, Robin, figure maléfique ayant préféré le trafic de drogues au travail des terres possédés par son épouse décédée. En outre, Hack s’est confié à un journaliste à propos d’un accident ayant grièvement blessé l’une de ses amies et collègues. Car à l’usine cela fait longtemps que la sécurité est un luxe que l’on ne se paie pas et les manipulations de déchets radioactifs ont causé bien des victimes au fil des ans. La disparition de Randy serait-elle liée à cette affaire ?
Cœurs brisés
Avec Dead Stars, qui vient de sortir aux éditions Gallmeister, Benjamin Whitmer signe un roman noir ancré dans une Amérique rurale et industrielle en déshérence, envers caché d’un pays glorifiant la réussite et les vainqueurs à l’heure du néocapitalisme des années Reagan. Les personnages, sinistrés et en perdition, sont à l’image d’une misère autant sociale que morale. Ici, les rêves se sont envolés voici longtemps. Même les étoiles sont mortes. Tout n’est qu’alcool, drogue, violence, frustration. Les plus jeunes semblent avoir le choix entre devenir junkies ou dealers.
L’auteur de Cry Father et d’Evasion raconte aussi l’histoire d’une famille écrasée par un père brutal et tyrannique, mais qui n’est paradoxalement pas le pire dans cette galerie de « cœurs brisés » et de « cerveaux inquiets ». Des secrets vont remonter à la surface. Des règlements de comptes vont solder les dettes. Il y a entre les pages des odeurs de sang, de poudre, de fumée. Hack poursuit sa quête quitte à découvrir et à accomplir le pire. D’une noirceur extrême, Dead Stars s’achève cependant avec une lueur d’espérance, un cercle de lumière.