Des orgues multicolores, des sculptures toujours en mouvement, deux romans émouvants dont un graphique et une série coup de poing chez les Navajos !
L’automne au coin du bois joue de l’harmonica chantait Maurice Carême, voici revenu le temps du Festival Toulouse les Orgues. Et cette année, l’immense Alberto Giacometti vient nous visiter aux Abattoirs. Mais j’ai aussi découvert un roman d’Andrea Molesni Tous les salauds ne sont pas à Vienne, remarquablement écrit et édifiant, un sommet du 7e Art, Mattéo, de Jean-Pierre Gibrat, et la série Dark Winds proposée par Robert Redford et Georges.R.R.Martin.
Ce sont mes coups de cœur de ce début d’automne.
Toulouse Les Orgues 28e édition: L’Orgue intime
Le visuel sympathique, loin d’être désuet, est en correspondance, au diapason devrais-je écrire, avec par exemple des rapprochements quasi physiques avec l’orgue et l’organiste le dimanche matin au Gesù.
Yves Reichsteiner, le directeur artistique, fourmille d’idées innovatrices et ne laisse pas de nous surprendre avec:
– un concert Métal Angel jeudi 5 octobre à 20h en la Basilique Saint-Sernin par l’organiste virtuose Gunnar Idenstam qui partage une égale passion pour la musique classique et pour les musiques inspirées du rock progressif, « ça va donner », comme dit mon petit-fils, sous les voutes de la Basilique et risque de perturber la soutane de Monsieur le curé,
– un Rugby-concert France-Italie vendredi 6 octobre à 21h par Jérémy Joseph en direct en l’Église du Gesù, avec du vrai faux-gazon (!), gratuit sur réservation: il va y avoir de l’ambiance,
– Tubi Nebulosi, orgue et saxophones nébuleux, le 12 Octobre à 22h au Théâtre Garonne, avec Marc Démereau (Friture moderne, Tigre des Platanes etc…), toujours à la pointe de l’avant-garde quelle qu’elle soit, mais free-jazzy sans doute,
– plus calmes, des séances Yoga et orgue, et des Petits-Déjeuners du Gesù, des moments musicaux et d’échanges avec de jeunes organistes autour d’un café́ et d’un croissant etc. etc…
Pour affirmer, s’il en était encore besoin, que l’Orgue et les organistes savent aussi faire montre de convivialité et de partage.
Plus « classique », si l’on peut aussi l’écrire, le concert d’ouverture avec 3 orgues et chœur, Dulci Jubilo le 4 octobre à 20h en la Basilique Notre-Dame-de-la-Daurade, des Leçons de Ténèbres (Œuvres de Michel, Fiocco, Forqueray, Boismortier, Delalande, etc.) par l’Ensemble Léviathan en la Chapelle Sainte-Anne rénovée, Femmes Organistes et Compositrices, Conférence et Concert découverte par Joy-Leilani Garbutt, sur l’orgue de l’Église Notre-Dame-de-la-Dalbade, le samedi 7 octobre à 17h, et j’en passe…
Sans oublier mon coup de cœur, quand une messe baroque rencontre les rencontre les musiques traditionnelles, en l’occurrence Polyphonies corses, avec l’Ensemble Organum de Marcel Pérez, le samedi 7 octobre à 20h en la Cathédrale Saint- Etienne.
A souligner, en plus des partenariats historiques, une nouveauté avec le Label Rocamadour-Musique sacrée.
Il y en a pour tous les goûts, et plus personne ne pourra dire que l’Orgue est élitiste et suranné: au contraire., tout le monde pourra pénétrer dans l’intimité de cette instrument fabuleux. Et découvrir, comme Jules Renard, que Tout homme a dans le cœur un orgue (de Barbarie) qui ne veut pas se taire.
Le temps de Giacometti aux Abattoirs
D’aucuns me disent que j’ai des goûts bien classiques, mais je les assume: Alberto Giacometti est l’un de mes phares contemporains, avec Nicolas de Staël et Ernest Pignon-Ernest. Je vous parlerai dans ma prochaine chronique de cet homme qui marchait sans cesse, arpentant les sentiers de la création, « faisait partie de ces gens qui peuvent être ailleurs quand ils le veulent, mais n’ont pas besoin d’avoir un passeport pour cela », comme l’écrivait son compagnon de bohème Jacques Prévert, et dont une équipe de Dames, celle de sa Fondation, s’ingénie à faire vivre la mémoire vive.
https://www.fondation-giacometti.fr/
Tous les salauds ne sont pas à Vienne d’Andrea Molesini
(Editions Le Livre de poche)
Une fresque magistrale, fable mélancolique sur les héros et les salauds, sur les illusions perdus et la pureté de la jeunesse confrontée au pire.
Novembre 1917. L’armée italienne recule face à l’offensive autrichienne. À un jet de pierres du Piave, non loin de Venise, le domaine des Spada est réquisitionné par l’ennemi. Les vaincus ne discutent pas, nous sommes entre gens de bonne compagnie. Mais le viol de jeunes villageoises suscitera chez tous les membres de la Villa Spada un sursaut patriotique: Paolo, dix-sept ans, le narrateur de cette histoire; le grand-père original et désabusé qui s’exprime par aphorismes, et son épouse, grande dame qui oppose le mur de son mépris à l’occupant; Teresa, la fidèle cuisinière, et sa fille, la jolie et simplette Loretta; le gardien du domaine, l’énigmatique Renato; la tante Maria, belle femme émancipée; et enfin la flamboyante Giulia, dont la beauté provocante fascine le jeune Paolo. Au péril de sa vie.
Au fil de la chronique de cette occupation, avec son lot de vexations, d’outrages et de compromissions, se dessine un formidable portrait de famille, dans une période trouble de cohabitation, comme l’on dirait aujourd’hui, entre ennemis irréconciliables, par l’un des grands écrivains italiens contemporains.
Matteo de Jean-Pierre Gibrat
(aux Editions Futuropolis)
Récit romanesque de haute tenue, autant graphique que textuel, composé de six époques, Mattéo raconte la destinée singulière d’un homme qui, de 1914 à 1940, de la guerre de 14 à la Seconde Guerre mondiale, en passant par la révolution russe, le Front Populaire et la Guerre d’Espagne, traverse époques tumultueuses et passions exacerbées.
Comme malgré lui, Mattéo sera de toutes les guerres, celles qui auront embrasé les premières décennies du XXe siècle, en mettant à mal son pacifisme militant, tout en lui faisant prendre les armes, en compagnie de celles qui meurtriront son cœur d’amoureux transi, des femmes magnifiques mais trop belles peut-être pour lui.
Beaucoup d’humanité, de tendresse pour les vaincus de l’Histoire, à travers des dessins superbes et un récit parfaitement documenté historiquement justement. Un beau cadeau de Noël ou d’anniversaire.
DARK WINDS
Mon fils attentionné m’a fait découvrir la série produite par Messieurs Robert Redford et Martin (créateur du cycle Games of Thrones au succès planétaire), « excusez du peu, » réalisée par Graham Roland reconnu grâce à Jack Ryan, basée sur les romans Leaphorn & Chee de Tony Hillerman, avec une pléthore d’acteurs et d’actrices amérindiens tous plus talentueux les uns que les autres, en particulier Zahn McClarmon, Jessica Matten et Kiowa Gordon.
Oui décidément,
L’automne, au coin du bois,
Joue de l’harmonica.
Quelle joie chez les feuilles !
Elles valsent au bras
Du vent qui les emporte.
On dit qu’elles sont mortes,
Mais personne n’y croit.
L’automne, au coin du bois,
Joue de l’harmonica.
Maurice Carême (1899-1978)