On connaît la maxime : « Jean qui pleure et Jean qui rit !! ». Eh bien, Christophe rit !! J’entends bien, Christophe Ghristi, Monsieur le Directeur artistique de la maison, Opéra national du Capitole de Toulouse. Depuis septembre, ce n’est que gestion de succès et triomphes dans ce fameux Théâtre, tricentenaire bientôt.
Avec le soutien de Claire Roserot de Melin, Directrice générale, ils tracent un sillon marquant en ces terres musicales fort délicates à gérer. Côté opéras, la saison prochaine a été détaillée ici même. Mais, il nous plaît de faire une sorte de bilan sur celle qui vient de s’achever et qui a été, je le redis, renversante.
Souvenons-nous de l’ouverture de saison avec des figurants et chanteurs pataugeant sur scène dans un bassin. C’était Rusalka dont a pu écrire : Rusalka au Capitole, c’est vraiment total
Quelle création, et quelle ouverture de saison !! Christophe Ghristi l’a rêvé, Stefano Poda l’a fait. Total, dis-je. Le public de l’Opéra national du Capitole a fait un triomphe lors de sa découverte pour la Première du chef-d’œuvre de Dvořák.
Un accueil qui en dit long sur le travail effectué autour de cet opéra miraculeux qui tient à la fois du conte de fées et du conte philosophique. Toutes ces fascinantes facettes sont présentes tout au long d’une partition et d’un livret en trois actes de près de trois heures. (deux entractes en plus).
Suivra, de façon plus classique, un ouvrage dit populaire, La Bohème de Puccini avec deux distributions en alternance qui ont enthousiasmé le public, la salle affichant à chaque fois complet.
La Vie de Bohème ou la larme à l’œil, mais pas que
Musique, chant et théâtre, c’est la trilogie nécessaire pour qu’un opéra soit une réussite, et La Vie de Bohème donné en ce moment au Théâtre du Capitole en est un fier exemple. C’est un triomphe. Vous avez jusqu’à la dernière le 6 décembre pour applaudir le travail fourni par les chanteurs, les musiciens, les techniciens et tous ceux qui ont œuvré en coulisses ou en Ateliers.
Christophe Ghristi, directeur artistique a confié cette nouvelle production au tandem André Barbe & Renaud Doucet pour ce qu’il en est de la mise en scène, les décors et les costumes, assistés pour les lumières par leur acolyte Guy Simard. Ne tournons pas autour du pot, leur travail est une totale réussite d’un bout à l’autre. On est dans une esthétique réaliste mais sûrement pas anecdotique. Pas de sentimentalité, ni de guimauve. Ils ont choisi de transposer l’action dans les années 1920 à Paris, évidemment. On peut craindre alors le pire ou approchant comme lors de la dernière production il y a une douzaine d’années. Craindre aussi pour le livret et la musique de Puccini en sachant comment le compositeur peut avoir eu d’exigences lui-même avec le livret. Et là, miracle, pas de mauvaises surprises. On est bien dans la traduction d’une idylle romantique et non dans une quelconque critique sociale. La vie joyeuse dans la mansarde, c’est là, les marchands ambulants et les clients du café Momus, aussi, la désolation de la Barrière d’Enfer et la neige qui tombe, tout autant, et le retour en février dans la mansarde, bien sûr.
Le mois de janvier 2023 a vu arriver : Retour triomphal au Capitole de cette production des Nozze di Figaro.
La trilogie indispensable, musique, théâtre et chant, est toujours parfaitement au rendez-vous. Résultat, avec un nouveau plateau vocal, ces brillantes Nozze di Figaro, cet opéra de Mozart constituant toujours un spectacle lyrique réjouissant.
On le sait, un opéra, il faut les trois, du moins c’est ce que les amateurs attendent d’une représentation sur scène. Ils fusionnent ici dans une harmonie, disons-le, parfaite. C’est pourquoi, lorsqu’une mise en scène, sans être révolutionnaire, ne vous laisse pas une minute de répit, sans faire aucunement appel à ces provocations à la mode ou à tant de ces transpositions “foireuses“, tout un chacun ne peut être que satisfait. Et les représentations affichèrent elles aussi, complet avec d’heureuses surprises dans la distribution.
Et déboule en février-mars,
Événement au Capitole avec la naissance de magnifiques faux jumeaux, Isolde et Tristan.
Trois dates, il vous reste trois dates pour pouvoir dire : j’y étais. L’événement n’est pas fréquent. À qui le doit-on ? À Christophe Ghristi, aux commandes de l’Opéra national du Capitole en tant que Directeur artistique. On lui reconnaît, unanimement et avec une totale admiration, un talent plus que certain pour monter une saison avec des productions réunissant les artistes adéquats autour d’un projet, comme ici, dans le cas de cet opéra Tristan et Isolde.
En effet, brelan gagnant avec le chef Frank Beermann, le Tristan de Nikolai Schukoff et l’Isolde de Sophie Koch. Mieux que ça, disons carré gagnant avec le roi Marc de Matthias Goerne. Un cran encore avec une Isolde mezzo-soprano quand on sait qu’un Wieland Wagner en a cherché une désespérément pour ses diverses productions.
On ne rajoutera pas à ces quelques lignes, tout ce que j’ai pu déjà écrire et qui est toujours disponible, même sur la Dernière qui fut, dans son genre, onirique avec ses chanteurs, en costumes, le chef et un piano dans la fosse en guise d’orchestre, un répétiteur au clavier, puisque une poignée de musiciens avaient décidé de saper ce moment inouï et de priver de musique 1000 personnes, au dernier moment, certaines, de mes amis proches, venant de Barcelone, Dublin, Paris, Montpellier. Mais, la vengeance fut terrible puisque les résistants présents eurent droit, de la part des chanteurs, à d’insurpassables, définitivement, moments de chant.
Repos, si l’on peut dire, avec courant avril
Avec La Traviata, la saison fracassante au Capitole se poursuit.
Verdi est un génie de l’opéra, répétons-le si besoin est !! Et La Traviata, drame d’une solitude en belle compagnie, est bien ce mont Everest des opéras. Courez-y : il est de retour au Théâtre du Capitole. Les premières représentations sont triomphales. Mais, trouver des billets constitue un véritable exploit. De la persévérance.
Sans revenir encore sur l’ouvrage en lui-même – voir les articles précédents – et si l’on veut faire un petit compte-rendu sur cette production, d’une réussite majeure, évacuons tout de suite les éléments concernant l’époque choisie.
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Arrive ce que l’on souhaite à tout lyricomaniaque
Le Viol de Lucrèce, le clou de la saison
Abondance de biens ne peut nuire. L’ouvrage de Benjamin Britten bat, pour ma “pomme“, d’une courte tête Rusalka d’Antonin Dvorak, et d’un cheveu supplémentaire Tristan et Isolde. Mefistofele va-t-il modifier le classement ?
On peut relire mon article d’annonce et le second, mon compte-rendu des deux premières.
Le spectacle de cet opéra du compositeur britannique, si délicat à rendre sur scène, a littéralement “scotché“ les publics présents lors de la Générale et lors des quatre représentations données.
On est comme étourdi devant le résultat scénique à savoir, chaque instant tout au long des cent minutes. Étourdi devant la gestuelle de chaque intervenant, le moindre déplacement : pas une seconde ne semble laissée au hasard. Et la complicité musicale est omniprésente.
Rarement, et le mot est faible, on a pu ressentir une telle symbiose entre les termes du livret, la musique et tout le théâtre sur scène, décors, costumes compris.
On est admiratif des partis-pris et des résultats dans la réalisation des costumes.
On dit oui à ces quelques décors qui, peu encombrants, sont TOUT.
On loue le travail, l’étude d’Anne Delblée et son équipe : c’est un triomphe.
Et quand un clou voit arriver un autre clou
Un Mefistofele complètement, tripal
Tel est le mot qu’emploie la basse Nicolas Courjal, Mefistofele dans cette production hybride, enivrante mais tellement belle de l’ouvrage d’Arrigo Boito, intitulé justement Mefistofele. Elle vous attend pour, encore quatre représentations à l’Opéra national du Capitole de Toulouse pour clore somptueusement une saison détonnante, emplie d’émotions de bout en bout. Telle se concluait cette production.
Il faut le faire : afficher complet , ou presque pour certaines représentations, pour un opéra encore jamais donné en italien au Capitole, inconnu de 95 à 99% des spectateurs, et triomphe, dès la Première.
Voilà pour ce petit bilan et rappel de tous les articles à relire durant l’été avant de réviser les ouvrages pour la prochaine saison qui ne va pas être triste non plus.