Godland, un film de Hlynur Palmason
Pour son troisième long métrage, le réalisateur islandais Hlynur Palmason nous entraîne au cœur de son pays. C’est là qu’il va planter le décor de la vie aventureuse, mystique et finalement sentimentale de Lucas, un jeune pasteur danois des années 60 du 19é siècle. Il a pour mission d’implanter une église dans un petit village et d’y amener le maximum d’ouailles. Challenges périlleux et dangereux que lui donne son supérieur tout en mangeant goulument des œufs durs… Lucas ne parle pas islandais et sera donc suivi par un interprète. La traversée jusqu’aux rives éloignées et reculées d’Islande se fait sans trop de problèmes. Lucas arrivé à bon port, l’équipe qui doit le mener dans les confins à évangéliser se met en route sous la conduite de Ragnar, un vieux briscard. A cheval bien sûr car, outre une monumentale croix, Lucas a aussi tout le matériel pour photographier les autochtones et les paysages.
Cette seconde partie du périple jusqu’à l’arrivée à destination sera plus rude. Mais l’église prend finalement forme alors que, tant bien que mal, Lucas tente de se familiariser avec cette colonie danoise, un rien hostile à la couronne du Danemark. Entre conflit linguistique et prises de vue qui sont, en réalité, les premières photos connues de cet univers fait de glace et de feu, battu par le vent, le froid, la pluie permanente, ce que nous raconte ce film d’une beauté à couper le souffle, contemplatif autant que fascinant par sa lenteur traversée de fulgurances terrifiantes, ce sont tout d’abord les problèmes encore non résolus de la colonisation du Grand Nord. C’est aussi la puissance hostile de la Nature qui viendra à bout de la mission « divine » de Lucas, l’acteur danois Elliott Crosset Hoven tout simplement fantastique en colon luthérien dont la nature profonde le conduira sur les chemins de l’abîme.