Festival multidisciplinaire du Théâtre Garonne, In Extremis est cette année placé sous le signe des «Hospitalités».
Rendez-vous annuel imaginé par le Théâtre Garonne, In Extremis invite chaque année des artistes issus de divers horizons, ouvrant une fenêtre sur des formes inattendues et des aventures artistiques inclassables, au carrefour du théâtre, de la musique, de la danse, de la performance, des arts plastiques… Se déployant dans tous les espaces du théâtre, mais aussi hors les murs, ce festival international et multidisciplinaire propose également plusieurs rencontres avec les artistes à l’affiche, organisées dans le cadre de partenariats avec le festival «L’histoire à venir», Ombres Blanches, Radio Radio, etc.
Après une édition 2021 qui s’est «réinventée, adaptée» aux fermetures au public des lieux de l’art et de la culture, cette cuvée se veut un prolongement de la programmation contrainte «initialement imaginée et conçue en complicité avec Itzik Giuli, directeur artistique associé». Rejoints par d’autres, plusieurs artistes déprogrammés l’an passé sont donc invités à montrer enfin leurs travaux. Les spectacles à l’affiche déclinent «différentes formes d’hospitalité que l’art peut offrir, comme autant de chemins ouverts à l’inconnu, à la différence, à l’étrangeté, à l’Autre. À ce qu’on n’attend pas. L’hospitalité, au cœur de tout théâtre – accueillir artistes, techniciens, spectateurs, leur ouvrir nos portes, leur offrir une maison, fût-elle éphémère. Mais aussi : faire d’un espace public – bout de trottoir, librairie ou supermarché – un lieu qui “fait” théâtre, et mettre les gens dans des situations qui les engagent au-delà de leur assignation à rester simples “spectateurs”».
Placée sous le signe des «Hospitalités», cette édition permet notamment de retrouver Sylvain Creuzevault, habitué du Théâtre Garonne où il a notamment présenté « le Capital et son singe » en 2014, pièce reprise aujourd’hui dans une nouvelle configuration scénique et hors les murs : dans le « Banquet Capital », le public sera invité à la table du banquet qui a réuni en mai 1848, à Paris, des révolutionnaires tels Auguste Blanqui et Armand Barbès après la proclamation de la Seconde République par l’Assemblée constituante élue à la suite de la révolution de février. Après une performance téléphonique proposée l’an passé, où deux personnes se découvraient à distance, les Américains Abigail Browde et Michail Silverstone imaginent cette fois avec « A Thousand Ways (Part two) : An Encounter » une expérience pour deux dans une loge du théâtre et sans public.
La chorégraphe grecque Lenio Kaklea s’approprie dans « Ballad » des gestuelles récoltées auprès d’habitants de six grandes villes d’Europe ; la plasticienne Valérie Mréjen et le metteur en scène Mohamed El Khatib restituent dans « Gardien Party » (photo) les confessions de gardiens de musée ; la chorégraphe israélienne Yasmeen Godder livre avec son solo « Practicing Empathy #3 » un journal intime de l’année écoulée, alternant les moments d’isolement, de contraintes ou de découverte de soi. Au cœur de son installation plastique « Malam / Night », Grace Tjang – connue des spectateurs du Théâtre Garonne sous le nom de Grace Ellen Barkey – entre en dialogue avec l’obscurité et invite le public à partager une expérience méditative lors d’un solo vibrant à l’unisson des présences qui l’entourent.
Accueilli en partenariat avec l’Usine de Tournefeuille, « Silence encombrant » est un ballet expressionniste de la compagnie Kumulus, qui installe au port Viguerie une benne à ordures que des figures fantomatiques vident de ses déchets pour transformer l’espace en décharge… En ouverture du festival, l’ensemble Dedalus visite « la Bibliothèque de récits de rêves du monde » collectés par le duo Kristoff K.Roll pour créer une forme concertante.
Jérôme Gac
pour le mensuel Intramuros