Le très réussi documentaire Billie de James Erskine qui m’avait ravie l’automne dernier en salles sort en DVD et Blu-ray le 4 mai 2021, édités par L’Atelier d’images.
Une fois n’est pas coutume, je remets la présentation de Billie qu’avait faite Arnaud Clappier, directeur du cinéma Utopia Borderouge, puisqu’il en parle très très bien :
« Je connaissais peu la chanteuse Billie Holiday, et j’aime bien quand on me raconte des histoires passionnantes. Son destin est assez ahurissant et le film a l’intelligence de ne pas faire une chronologie un peu bêtasse de sa vie avec les éléments marquants ; il est centré sur les chansons en lien très direct et très fort avec son expérience personnelle, comme « Strange Fruit » ou « My Man » qui sont des moments émotionnellement très fort du film. Il utilise énormément d’images d’archives, et pour une fois, la colorisation est juste magnifique, et s’intègre parfaitement au récit. C’est un travail splendide. Et ce formidable film a un petit côté malin, mais qui fonctionne hyper bien, qui consiste à faire un double documentaire, sur Billie la chanteuse, et sur Linda la journaliste. Linda Lipnack Kuehl voulait écrire la biographie de la chanteuse, et a mené les entretiens qui sont utilisés dans le documentaire. On suit, comme dans une enquête, la vie de Linda. Les destins de Billie et Linda se répondent vachement bien. On en est sortis émerveillés, et on a eu très envie de le partager le plus largement possible, et nous l’avons programmé dès sa sortie nationale le 30 septembre. »
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Dans le dossier de presse (disponible ici), le réalisateur James Erskine expliquait son choix de coloriser les vidéos de la chanteuse : « Il n’existe presque pas d’images de Billie en couleur. Et pourtant, le monde de Billie était un monde de couleur et nous avons donc pensé que si nous voulions vraiment entrer dans son monde, nous devions trouver une technique pour dépasser les images monochromes artistiques de l’époque ». Même si je trouve l’argument bidon (dans ce cas-là, tous les films tournés en noir et blanc devraient être colorisés puique le monde était en couleur, non ?), je dois dire que le résultat est plus que réussi, et s’intégre parfaitement avec les documents originaux qui eux, étaient déjà en couleur. Le travail de Marina Amaral est admirable. Allez voir son site https://marinamaral.com/, ne serait-ce pour faire bouger le curseur sur la restauration de la photo datant de 1920 de Marie Curie.
Et si vous avez connu les enregistrements sur cassettes, faits au magnétophone où on se musclait les doigts à force d’enfoncer les touches pour le faire fonctionner, vous savez que la qualité sonore n’était déjà pas exceptionnelle le jour même, alors imaginez l’état de la bande magnétique 50 ans après (ne jamais laisser une cassette audio dans la boîte à gants par forte chaleur, ni sur la plage arrière, ja-mais !) Là encore, la restauration du son par Tom Wollaert est fabuleuse. Les frissons en salles sur « Strange Fruit » sont encore présents au visionnement du DVD, youpi !
Le tout au service d’une narration vraiment captivante pour découvrir la vie de Billie Holiday et de la journaliste Linda Kuehl : chercher à dire la vérité se paye cher…
En bonus sur le DVD et le Blu-ray :
• Le jazz selon Billie par DAVID KOPERHANT programmateur musical radio TSF JAZZ (16 min) :
Il revient sur les trois grandes phases de sa carrière de Billie Holiday :
– les débuts de la chanteuse dans le contexte historique de l’époque « où les vocalistes ne sont pas forcément sur le devant de la scène ; la star à l’époque, c’est l’orchestre […] d’habitude le public attend d’une chanteuse du divertissement, du swing », le rôle du saxophoniste Lester Young.
– sa carrière sous le label Decca Records avec, entre autre, la chanson « Lover Man ».
– son retour sur le devant de la scène grâce à Norman Granz. Les conditions particulières de ses derniers enregistrements Lady in Satin et Last Recordings.
Il évoque ses différences avec Ella Fitzgerald, Nina Simone ; ses enfants spirituels, comme Carmen McRae, Madeleine Peyroux.
• Interview du réalisateur JAMES ERSKINE (28min) :
De son amour pour toute sa discographie et sa fascination pour « Strange Fruit », il explique comment il en est venu à vouloir en savoir davantage sur la chanteuse et faire un documentaire pour raconter sa vie d’un point de vue inédit. Sa femme avait travaillé sur le livre With Billie de Julia Blackburn, basé sur des retranscriptions des interviews de Linda Kuehl. Trouvant le livre incroyable, il recherche ses interviews, mais son agent n’a pas les droits pour un film. Quatre ou cinq ans plus tard, le producteur Barry Clark-Ewers appelle James Erskine pour lui proposer de faire un documentaire sur un musicien de son choix. Il propose Billie Holiday, seulement si les interviews sont retrouvées, ce qui fut le cas, presque 50 ans après leur enregistrements,chez un collectionneur après que la sœur de Linda Kuehl les eut vendues. Il revient sur l’importance du montage pour que l’histoire de Billie soit racontée par Linda, de la narration puisque que l’histoire de Linda et l’histoire de Billie sont liées, par le fait, entre autre, de vouloir dire la vérité au pouvoir en place.
• Interview des productrices MICHELE SMITH et SOPHIA DILLEY de Concord Music (16 min)
Sophia Dilley supervise le Billie Holiday Estate qui protège l’héritage et l’image de Billie Holiday. Malgré toutes les difficultés qu’elle a connues (familiales, l’agression à l’âge de 10 ans, 20 ans de poursuites par le FBI, le racisme), Sophia Dilley souligne la très grande force de la chanteuse que les enregistrements mettent en lumière. Michele Smith insiste sur le nombre d’amis et d’ennemis ainsi découverts, l’importance de tous ces points de vue pour mettre à jour et au jour la « vraie » Billie Holiday, et non celle que l’histoire a proposée et imposée.
• Interview de TOM WOLLAERT sur la restauration de la bande-son (7min)
Comme le but de Linda était d’écrire un livre, et non un film, elle ne s’est pas souciée de la qualité audio des enregistrements. Il a fallu maximiser la compréhension des voix par rapport au souffle, aux bruits ambiants, à la distorsion, à la saturation. Et parfois, la vitesse n’était pas correcte. Tout a été mis en œuvre pour trouver la bonne tonalité de chaque voix. La constante entre toutes les bandes est la voix de Linda, qui a deux voix : celle de journaliste, et celle pour mettre les gens à l’aise. Sa voix a permis en sorte d’étalonner les voix des personnes interrogées. Concernant les progrès technologiques, Tom Wollaert confesse qu’il n’aurait pas pu obtenir une telle qualité audio s’il avait fait la restauration deux ans auparavant.
Dommage que cet entretien n’inclut pas des extraits d’entretien, avant et après restauration.
• Interview de MARINA AMARAL sur la colorisation (5min)
Elle a restauré et colorisé les vidéos. « Je veux donner aux gens l’opportunité de se connecter avec ces individus et ces moments de l’histoire, non seulement au niveau rationnel, mais aussi au niveau émotionnel. ». L’entretien se termine par deux extraits de quelques secondes, montrant la vidéo en noir et blanc, le choix des couleurs, et le résultat final.
• La bande-annonce
Il existe aussi une édition prestige comprenant le DVD + le Blu-ray + le CD de la bande originale du film + un livret exclusif de 44 pages en partenariat avec Jazz Magazine, en vente ici.
*Culture 31 est très heureux de vous faire gagner des exemplaires du DVD Billie, en partenariat avec l’Atelier d’images (allez visiter leur boutique).
Pour cela, envoyez un mail intitulé « Concours Billie » avant le 4 mai 23h59, date de sortie du DVD, à l’adresse carine_trententeun@yahoo.fr, en mentionnant votre nom, votre prénom, votre adresse postale, ainsi que la réponse à la question : quel magazine hissa le titre «Strange Fruit» au rang de chanson du vingtième siècle ? Les gagnants recevront un mail les informant qu’ils ont gagné.
Bonne chance !