Ondine un film de Christian Petzold
En nous faisant revivre le mythe légendaire des ondines, le metteur en scène allemand nous offre également une vertigineuse et passionnante variation sur Berlin.
Pour ceux qui ne sont pas familiers des mythes nordiques, les ondines sont des créatures mystérieuses vivant dans les rivières et les lacs. Petites sœurs des sirènes marines, elles doivent obéir à des ordres impérieux. C’est ainsi qu’Ondine, l’héroïne de ce film, prévient Johannes, son amoureux terrien ayant décidé de la quitter, que, s’il persiste dans son projet, elle devra le tuer. Ce dernier y croit à moitié. Il a peut-être tort d’ailleurs…
Ondine va croiser, au cours d’un accident d’aquarium spectaculaire, Christoph, un jeune homme, plongeur professionnel. C’est le coup de foudre. Ils vont se revoir entre deux conférences que donne Ondine sur l’histoire de Berlin, cette ville relativement récente construite sur des marécages. Mais voilà qu’au cours d’une mission, Christoph a un accident. Mort cérébrale ! Pour Ondine c’est un nouvel échec, sauf que le mythe lui réserve une sortie…
Simplement, pour se laisser absorber, voire immerger dans ce film, il faut larguer les amarres et se laisser aller au fil de l’eau à la rencontre de cette ondine et l’accompagner dans cette aventure follement romantico-romanesque dont les plans les plus fascinants sont subaquatiques. Ce film, d’un onirisme échevelé, est porté par deux comédiens d’exception. Bien sûr il y a celle que nous avons adorée dans l’un des derniers Ozon : Frantz (2016) et le tout récent Chant du Loup d’Antonin Baudry (2019) et qui trouve avec Ondine LE rôle de sa jeune carrière : Paula Beer, ici totalement envoûtante. Mais il serait injuste de ne pas parler de son partenaire « final », Franz Rogowski. C’est lui Christoph, lui qui scellera le destin magique autant que tragique d’Ondine. Conjuguant force et faiblesse, naïveté et courage avec une virtuosité stupéfiante, ce jeune comédien allemand donne une réplique sans faille à cet être aussi mystérieux que dangereux. Outre Berlin et son passé/présent, le réalisateur nous parle de sentiments et de passion dans un film totalement hypnotique, fascinant, dans lequel le combat entre l’amour et la mort traverse le mythe éternel de la rédemption.
Paula Beer – L’étoile allemande
Dès l’âge de 8 ans, cette fille d ‘un couple d’artistes prend des cours de théâtre. Comme quoi… En 2009, elle a 14 ans et décroche le rôle principal dans un long métrage. C’est le début d’une belle carrière qui passe en 2014 les frontières de son pays natal, l’Allemagne. Las, sa participation au film de Volker Schlöndorff : Diplomatie, lui vaut un pénible souvenir car son personnage est coupé au montage ! Heureusement, François Ozon, plus malin, lui offre un premier plan dans Frantz aux côtés de Pierre Niney. Un bonheur ne venant jamais seul, la France retrouve Paula Beer quelques temps après dans le magnifique Chant du Loup d’Antonin Baudry. Décidément, une actrice totalement fascinante !
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