Entre mer et Albères, escapade à Banyuls, jolie cité balnéaire préservée sur la Côte Vermeille. À la découverte de l’héritage d’Aristide Maillol mais aussi du patrimoine marin et viticole et du riche passé d’une cité de charme oubliée des touristes et parfaite destination bien-être avec sa thalassothérapie avec vue sur la Méditerranée.
Sur cette Côte Vermeille méridionale qui regorge de petites merveilles, de criques rocheuses et de mer couleur turquoise, Banyuls est une jolie petite cité de caractère, encore authentique et préservée. Et un peu oubliée des touristes car nombreux sont ceux qui s’arrêtent à Collioure, la magnifique et célèbre voisine, et ne poursuivent pas la route qui descend vers l’Espagne. Et pourtant ! C’est au détour d’un virage que se découvre Banyuls-sur-mer, lovée dans sa baie de sable et de galets et surplombée par les Albères qui n’en finissent pas de tomber dans la mer. Une petite plage concave, un port de plaisance tranquille, un réputé Observatoire Océanologique, les emblématiques Arcades qui supportent la route et un village qui s’étale sur la pente et peuplé – fait rare sur la côte méditerranéennee – de vrais Catalans avec l’accent.
Entre mer et mas
“In mare via tua / La mer est ton chemin””: telle est la devise de Banyuls inscrite sur le blason de cette bourgade à l’histoire mouvementée, sur fond de Traité des Pyrénées, de République contrebandière, de commerce de caroube et d’oranges et de polyculture valeureuse misant notamment sur la vigne et l’olivier, sol austère et climat chaud obligent. Et c’est logiquement autour et en fonction de cette histoire que s’est construit le village avec ses différents quartiers typiques : le Puig del Mas entre vignes et église, le Cap d’Osna, l’ancien quartier des pêcheurs à l’abri du vent avec ses ruelles tortueuses et sa pinède sur la mer, ou encore cette Route des Mas, qui fut aussi celle du commerce illicite et de la liberté interdite, qui serpente à travers vignes et maquis vers le Col de Banyuls, à 353 mètres d’altitude ou le Mas Reig, haut-lieu de l’histoire templière et futur Institut de la Vigne et du Vin. Omniprésent, le vignoble est d’ailleurs l’âme et la fierté du village, avec une appellation dédiée et prestigieuse et surtout son magnifique paysage de vignes en terrasses bordées de murets de pierre sèche. Le Biodiversarium, plus connu sous le nom de Laboratoire Arago fondé en 1881, témoigne, lui, de la richesse des fonds marins – la première réserve naturelle exclusivement marine fut créée ici en 1974 – et de la vocation d’une ville dont la vie, de la pêche aux bains de mer en passant par la recherche, est tournée vers la Méditerranée. Banyuls aujourd’hui, reste le reflet de son histoire, franco-catalane, guerrière, patrimoniale, marine, agricole et viticole, mais aussi et surtout – en contraste avec les stations balnéaires plus au nord – d’une certaine authenticité : dans les rues du village, on croise encore de vrais Banyulencs à l’accent et au look bourrus qui se mêlent aux touristes en terrasse ou en goguette sur le front de mer.
Sur les pas d’Aristide
Au fil de ces quartiers et de cet héritage marqué, un nom revient : celui d’Aristide Maillol, célèbre banyulenc né en 1861 et qui a marqué sa ville natale de ses oeuvres et de son parcours. La Villa Rose où il est né, la maison de sa tante qui l’a élevé dans le quartier du Cap d’Osna, sa Métairie devenue musée dans la Vallée de la Roume, le mas viticole de la famille actif depuis 1611 et bien sûr, au fil de la balade, son “Monument aux morts pacifiste”, sa « Jeune fille allongée », son « Ile de France sans bras » ou sa “Méditerranée” sous laquelle il est enterré.
Cette histoire croisée, c’est Yvon Berta, 82 ans et arrière petit-neveu du sculpteur, qui la narre avec passion, tendresse et moultes anecdotes. Comme ce nom de “Maillol” qui vient d’un mot catalan signifiant pied de jeune vigne ! La famille Berta-Maillol travaille toujours 13 hectares autour du Mas Paroutet qui signifie petites pierres et l’alors jeune Yvon se souvient des vieux qui mangeaient de gros lézards verts au grill lors des rudes travaux dans les vignes. Aujourd’hui, ce sont ses fils, Jean-Louis, Michel et Georges, qui veillent à la destinée familiale du domaine au travers de jolies cuvées bien faites. Fils d’un négociant en drap, Aristide Maillol partit, lui, faire les Beaux-Arts à Paris, fut proche des Nabis, commença par la tapisserie puis la sculpture sur bois et les modelages en terre. Il ne perça véritablement qu’en 1905 lors de la Foire d’Automne de Paris, avec une de ses sculptures devenues emblématiques de son art : des corps de femme épurés et en mouvement, inspirés dit-on de sa soeur sortant de l’eau. Et de sa muse, Dina Vierny, jeune moldave juive issue de l’intelligentsia russe en exil à Paris, rencontrée à 15 ans (lui en avait 73) et véritable coup de foudre artistique. Cette jeune femme au caractère bien trempé, révolutionnaire esprit 60’s avant l’heure, s’engagea dans la Résistance et fut passeuse à Banyuls en 1940, arrêtée plusieurs fois, sauvée par Maillol qui fit prétexter qu’elle faisait de la contrebande d’huile d’olive. Devenue collectionneuse d’art et galeriste, c’est elle, exécutrice testamentaire de son mentor, qui créa la Fondation Maillol et les deux musées, à Paris et à Banyuls, dédiés au sculpteur. Cet homme à propos duquel Rodin disait “Je suis le sculpteur du 19e siècle, Maillol celui du 20e », vivait frugalement dans sa métairie du bord de la rivière mais aimait aussi recevoir, cuisiner et se promener dans son Roussillon natal. Une terre d’inspiration, de lumières et de couleurs, et berceau de l’art moderne, des Fauves de Matisse à Collioure au cubisme lancé par Picasso à Ceret en passant par Dali à Cadaquès.
Thalasso avec vue
Artistique, culturelle, viticole, maritime, Banyuls n’en reste pas moins, depuis les années 50, une destination balnéaire prisée mais préservée où l’on profite d’un climat et d’un paysage typiquement méditerranéens, d’anses en criques, de sentier sous-marin en sentiers de randonnée. Mais qui dit mer dit aussi thalasso ! Sur les hauteurs du village, “la thalasso”, comme on l’appelle ici, s’impose donc au regard tout d’abord et ensuite au citadin stressé en quête de détente et de volupté. Posé au dessus de la Crique du Troc (le passé banyulenc de haut-lieu de la contrebande resurgit vite à l’angle d’un chemin escarpé), Côté Thalasso Banyuls offre un lieu de cure plein d’atouts. Parmi lesquels, les soins qualitatifs et ciblés – Bien-Etre, Oxygénation, Detox, Anti Burn-out, Jeune maman…- , les vastes espaces aquatiques et les chambres avec vue. Mais aussi la dimension humaine et l’expertise médicale : c’est d’ailleurs ici qu’on réinvente les bienfaits du magnésium marin ou qu’on innove avec une cure dédiée “Mieux vivre le cancer”. Autres atouts non négligeables : la cuisine gourmande et travaillée – seiche et cebettes, Charolais sauce Collioure, turbot de Galice – du restaurant B66 doté d’une superbe terrasse surplombant la mer où l’on prend aussi son petit-déjeuner avec vue (et vent et goélands parfois). La carte des vins y est minutieusement choisie et fait la part belle aux crus locaux. La très courue Fête des Vins de Banyuls aura d’ailleurs lieu du 7 au 11 octobre 2020 et, entre deux dégustations, la thalasso sera un hâvre de détente idéal.
AOP Banyuls et AOP Collioure : deux appellations complémentaires
Un terroir, deux appellations : AOP Collioure pour les vins secs (rouges, rosés et blancs) et AOP Banyuls et Banyuls Grand Cru pour les vins doux naturels qui peuvent être blancs, rosés, rimage, rancio, tuilés ou Hors d’âge. Côté paysage, des terrasses pentues, des ravins abrupts, des collines ensoleillées et ces petits murets de pierre (6000 kms parait-il) patiemment entretenus au fil des siècles. Côté cépages, le Grenache (blanc, gris ou noir) est roi, secondé pour les vins rouges secs par les autres classiques du sud que sont le Mourvèdre, la Syrah et le Carignan. Côté dégustation, les vins blancs secs sont aromatiques, vifs et avec parfois une pointe de salinité, grâce à la proximité de la mer et à l’air frais des montagnes la nuit. Les rouges sont puissants avec des arômes allant du fruit rouge au sous-bois au fil de la garde.
Autres faits et chiffres : quatre communes, 15000 hectares, 25000 hectolitres et une toute récente initiative baptisée Reconquesta Côte Vermeille qui a pour but de revaloriser ce patrimoine viticole et ces appellations uniques. Le projet se structure notamment autour de quatre axes: préserver le paysage viticole, accompagner la transition agro-écologique, développer la communication et la promotion commerciale des vins et créer une Route des Vins autour de la D914.
Photos Banyuls © Laurent Lacombe
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